ruffin passagere mendoza

 

Ce visage flou de la couverture, c'est celui de la nostalgie, fil conducteur de sept de ces neuf nouvelles. Un chagrin doux, un noeud qui ne se noue pas, un mot qui n'a pas été prononcé, un théâtre qui aurait pu être la vraie vie, un espoir d'accomplissement sans suite... Un moment de grâce réussi.

 

MR surprend dans ce registre en demi-teinte, où il semble ici fort à l'aise. Il y dévoile sans doute une part de lui-même qu'il ne cache plus sous l'action très animée de ses précédents romans. Une autre face de sa plume qui, sans doute, s'en ébouriffe de plaisir ! Alors, laissons-nous porter par ces histoires brèves et bien troussées, où la réalité s'effiloche avant de reprendre souvent ses droits destructeurs.

Mais MR ne peut résister à ses démons et deux des nouvelles du recueil marivaudent dans une des bonnes traditions de l'auteur. Les sentiments amoureux, qu'on les reconnaisse ou non pour ce qu'ils sont, offrent un champ d'invention sans borne que MR explore ici avec bonheur et désinvolture. Autre forme de la nostalgie, peut-être ? L'amour pourrait être autre chose que ce qu'il est parfois...

La nouvelle qui donne son titre au recueil est particulièrement représentative de l'ensemble. Tout y est souvenir, nostalgie, regret. Et empli des questions d'un enfant qui essaie de regarder le monde au-delà de son cercle familial proche. Pourquoi les choses sont-elles comme elles sont et non pas autrement, plus belles, plus heureuses ? Pourquoi tant de choix aliénants ? La réponse est connue : l'équilibre entre passion et raison est un choix difficile, presque autant que choisir entre ce qui est urgent et ce qui est important. La passion sait si bien prendre les habits de l'urgence !

Ce recueil se lit vite, mais son charme est grand et perdure quand la dernière page est tournée. Une réussite.

Beaurepaire (2016) - 130 pages