dyson_vie_univers
 
Sous titre : Réflexions d'un physicien
 
Un physicien à l'esprit déluré se pose la question de ce que le savoir scientifique acquis à ce jour (en 2007) permet de dire sur la place de la vie dans l'univers. Il ne cherche pas à établir des démonstrations irréprochables (est-ce d'ailleurs possible dans ce domaine ?), mais plutôt à voir les portes qui restent ouvertes à un esprit qui ne croit pas qu'existent des réponses toutes faites.
 
Ce travail est difficile pour deux raisons majeures : il faut convenir du sens que l'on donne au mot "vie" (les mots qu'utilise les sciences exactes doivent être définis) d'une part et, d'autre part prendre conscience qu'un élément-clé de la méthode scientifique manque ici, le recours à l'expérience. Celle-ci est le  tribunal du doute qui a fait du savoir scientifique une discipline en développement cumulatif (une théorie en complète une autre), quand la plupart des autres disciplines du savoir sont en développement substitutif (une théorie en remplace une autre). Ainsi, ce livre passionnant n'apporte-t-il aucune révélation sur la vie et sa place dans l'univers, mais ouvre des voies et précise les moyens qui pourraient être mis en oeuvre pour aller plus loin. 
 
La définition de la vie donnée ici par l'auteur va plus loin que le sens populaire que nous lui donnons habituellement : "un système matériel qui peut acquérir, stocker, traiter et utiliser l'information pour organiser ses activités". Même si cette définition englobe les bestioles que nous sommes, elle me semble ouvrir un peu trop la porte, y compris à des "terminators" et robots divers... il est vrai qu'on choisit ses amis, pas sa famille, mais quand même !
Quant au recours à l'expérience face à un objet aussi largement défini, c'est sans espoir, pour une raison logique simple. Pour avoir vécu un peu dans le monde du nouveau médicament, je sais que toute expérience faite sur un animal n'entraîne qu'un espoir, pas une preuve, pour l'homme, mais que tout reste à faire pour le confirmer. Alors, à nouveau, l'objet de l'expérience, tel que défini ci-dessus, n'est-il pas trop vaste pour pouvoir être cerné par l'expérience faite inévitablement sur d’infimes parties de ce tout de la définition ?
 
Alors et en dépit de ces remarques (bienveillantes !), laissons-nous quand même porter par la verve de notre auteur et par les interrogations qu'il soulève, telles que l'existence de la vie hors de la terre (probablement pas sur des planètes, dit-il), les développements que pourraient avoir les biotechnologies (on frémit un peu), pourquoi l'univers est-il accueillant pour la vie, faut-il s'attendre à ce que la vie s'éteigne et autres questions du même acabit. Et même si elles ne reçoivent pas de réponse ferme, on glane au passage mille informations que je n'avais jusqu'ici pas trouvées ailleurs. Et puis, le caractère particulier du sujet traité est l'occasion de questionnements qui resteront évidemment sans réponse, mais auxquels nous nous livrons tous, comme la place des religions à côté de la science dans la compréhension humaine du monde. Danger, route glissante...
 
Cette lecture demande parfois un réel effort et certaines affirmations supposent un fonds de formation scientifique sérieux pour être bien comprises. Un livre, sans doute, à ne pas mettre entre toutes les mains, de peur qu'il en tombe parfois ? Un livre qui, pourtant, récompense l'effort de sa lecture. Courage !
 
Gallimard  (2007) - 258 pages