ruffin beatrice

 

Quel pavé ! Un roman historique ??? Et bien, rassurez-vous, lecteurs, vous ne vous ennuierez pas un instant. Peut-être même attendrez-vous le tome 2, puisque le titre le laisse prévoir.

D'abord, le 11e siècle n'est pas une époque dont on parle beaucoup, à ma connaissance. Les grands progrès qui allaient donner sa prospérité au 12 et 13e siècle se mettaient juste en place. Le roman d'ailleurs en cite quelques-uns, par exemple l'évolution des techniques d'élevage. Il y en aura bien d'autres qui permettront en particulier les cathédrales et la peinture et la sculpture associées. Ce n'est pas la foi, mais les ressources économiques abondantes, concentrées au forceps par l'église et certains civils puissants, qui ont permis cette éblouissante explosion de superflu.

 

A ce sujet, j'ai bien apprécié le soin mis par l'auteur à ne pas enjoliver la vie ecclésiastique et ses moeurs (euphémisme...) ! Le pouvoir et l'argent ont toujours été lourds à porter, sans que se déchire le vernis de civilisation. Les simagrées religieuses font un bien mauvais masque.

Et Béatrice, là-dedans ? Etant insoumise, comme le titre le rappelle, elle va mettre une jolie pagaïe dans la vie sociale des puissants féodaux de sa parentelle. Elle décide fort jeune et sans conseil familial du bon usage de sa "fendace" et de ses "jointures" , ce qui n'était pas dans les habitudes d'alors. Mais elle a tant de charme et d'intelligence, qu'elle réussira son pari, excitant jalousies, vindicte et désir chez les uns et les autres, en se réservant l'exclusivité (presque) de Superman de Hautecourt. Alors, vous voyez ? Une vraie pagaïe, je vous dis.

A cela s'ajoute le caractère ombrageux et rapace de nos bons féodaux, qui n'en ratent pas une pour se chercher querelle. On manie avec bonheur hache, épée, lance et autres outils, avec des résultats prévisibles. Ca saigne grave ! Et on perd ou on récupère, ses possessions ou celles des copains. Ajoutez à cela ripailles et parties de jambes en l'air pour occuper le temps libre. Belle mentalité !

Cela pourrait paraître répétitif. Et bien non. C'est fort habilement dosé et il n'y a pas de passage à vide. Jamais l'intention didactique ne perce, même si beaucoup de découvertes sont possibles. L'auteur ne se prend pas la tête, il a l'habileté de nous dire beaucoup, avec simplicité et cherche, avant tout, à nous faire passer un bon moment. De plus, il nous offre un voyage-découverte dans sa Normandie, dont on apprend ici beaucoup plus que ce que les vieux livres d'histoire n'avaient raconté.

Alors, n'hésitez pas : une agréable réussite.

 

Alphée (2009) - 556 pages