serre ete or
 
Nous sommes en face d'un roman qu'on pourrait qualifier de cubiste, où le portrait de l'auteur est tiré par lui-même à coup de petites touches issues de toutes les directions, sans qu'aucune soit privilégiée. Reste alors au lecteur le soin d'interpréter tout cela pour extraire une synthèse mentale de cette abondance... ou de se retirer si le cubisme l'ennuie. Procédé fort original et assez plaisant. On passe ainsi un agréable moment à la lecture de ce bref roman en forme de portrait.
 
Appeler ce livre un recueil de "nouvelles" me parait trompeur. Chaque "nouvelle" n'est pas autonome et peu même, ici et là, manquer d'intérêt. C'est le réseau et les répons entre les pages successives qui forment la structure de l'ensemble et donc la valeur contributive de chaque élément. C'est, au fond, très moderne dans l'esprit. Nous sommes en effet dans un monde où les structures en réseau dominent les processus. Alors, pourquoi pas une littérature en réseau ? Amusant, n'est-ce pas ?
 
Les touches (les nouvelles) sont également d'une conception originale lorsqu'on les lit individuellement. Elles sont brèves et sont toutes ponctuelles : un instant, une pensée, un objet, une action, un paysage, etc. Unité absolue, concentration totale. De l'une à l'autre, pas de lien ni de passage. C'est au lecteur d'en concevoir, éventuellement, en effectuant la synthèse à laquelle ce réseau l'invite.
 
Tout cela peut paraitre un peu abstrait ? Sans doute, mais sans excès me semble-t-il, et en tout cas pas au détriment du plaisir de la lecture. A fréquenter sans retenue.
 
Mercure de France (2020), 116 pages