mandel hotel verre
 
Après avoir lu "Station Eleven", j'avais espéré que la rumeur qui vante ce roman était fondée. Certes, il se lit bien, même si l'auteur ajoute des complications gratuites, mais le brouet reste assez clair. Il s'agit d'un récit basé sur l'arnaque financière montée par Bernard Madoff et sanctionnée en 2008, plus de dix ans après sa création. Le livre bâtit une intrigue très romancée, dépaysante, enchevêtrée, qui fait passer un bon moment. Mais, comme dans le livre précédent, le fond n'est jamais abordé. Comment peut-on, dans notre société, monter cette escroquerie ? Quelles complicités (et à quel prix) y ont participé ? Le système financier qui présente une telle fragilité peut-il exploser ? Si la monnaie repose sur la confiance où va-t-elle quand la confiance est trahie ? Sur tout cela, le livre est muet.
 
Peut-être ne suis-je pas le bon lecteur de ce type de roman. Les spéculations psychologiques m'ennuient vite quand elles ne m'apportent rien d'autre qu'une promenade agréable. C'est ici le cas. Cent personnages, plutôt bien typés, sont en scène et interagissent efficacement, conférant ainsi à l'intrigue une solidité certaine et une lecture plaisante. Vincent, Léon, Paul et les autres mènent leur existence chahutée aussi bien qu'ils le peuvent pour intéresser le lecteur. On peut, il est vrai, s'en satisfaire.
 
Il me semble pourtant que le drame que Madoff a fait vivre à des gens qui lui avaient naïvement confié 100 % de leurs retraites capitalisées (c'est ainsi aux USA) ou la totalité de leurs économies et qui ont été ruinés mérite plus qu'un prétexte à raconter une histoire. Madoff le flamboyant est un escroc, qui n'aurait jamais dû pouvoir réunir environ 65 milliards de dollars impunément, pendant plus de 10 ans. Pourquoi et comment a-t-il pu ? Le travail d'investigation et peut-être l'existence de bénéficiaires impunis de l'arnaque, encore actifs, ont dissuadé l'auteur d'aborder le problème. Dommage.
 
Même si ce livre, comme le clame la 4e de couverture, est un des 17 préférés de Barack Obama, il ne reste néanmoins pour moi qu'un agréable passe-temps.
 
Rivages/Noir (2020), 398 pages