beffa villani creation

Un livre léger et agréable à lire. Deux personnalités exceptionnellement douées et qui ont réussi nous racontent les conditions favorables à leur épanouissement. On s'en réjouit, mais y apprend-on vraiment quelque chose ? Tout cela est subjectif en diable et tellement lié aux personnes en présence qu'on se dit qu'il n'y a rien là qui peut vraiment aider les pauvres humains moyens...

Les deux acteurs ont en commun une énergie considérable et une curiosité qui ne l'est pas moins. Gènes ou première éducation ? On n'en saura rien. Qui peut le dire ? Les deux, sans doute, et le hasard, un infidèle allié. Et puis leur réussite à l'Ecole Normale supérieure, fort sélective dans le choix de ses élus. On peut déjà se sentir largué...

Vient ensuite le rôle des maîtres, des rencontres, d'une liberté bien exploitée pour qu'elle soit enrichissante. Il fallait déjà avoir un caractère bien formé et une tête bien faite pour en profiter. La liberté, sans tout ce qui va avec comme références, espoir, modèles peut être une drogue létale. Ici, elle fut un carburant pour l'un comme pour l'autre. Ils avaient déjà beaucoup acquis avant de profiter de cette liberté.

Et quelques conseils, qui valent pour tous, en toutes circonstances. Par exemple, avoir une spécialité, un domaine où l'on est meilleur que les autres. Et constater qu'on ne peut vraiment décider de ce qui nous convient qu'après l'avoir pratiqué et non en fonction des idées qu'on en a. Oui, l'orientation est un art difficile, ce qui n'est pas le cas de la sélection. Enfin, un sujet qui fâche : la contrainte. Les deux interlocuteurs reconnaissent que sans contrainte, ils ne seraient sans doute pas devenus ce qu'ils sont. J'ajouterais que je pense qu'il en est de même dans tous les arts. Contraintes multiples d'acquisition de savoir, d'expérience, d'attente de progrès personnel, etc. On n'est pas musicien quand on ignore l'harmonie, le solfège, un ou plusieurs instruments, etc. On peut néanmoins le prétendre, bien que ce soit plus difficile que pour les arts visuels.

Ce livre relève plus de la conversation aimable que d'une vraie réflexion sur le sujet proposé. Il n'est pas sans intérêt, mais on pouvait attendre plus de ces deux personnages, auxquels la société a reconnu une valeur par les distinctions éminentes qu'elle leur a accordées. Cela m'évoque un peu certains "philosophes" mondains qui parlent bien...

Flammarion (2015) - 255 pages