luca oliveL'auteur (né en 1950) affirme ne pas avoir la foi mais fait de la bible son "noyau d'olive", une sorte de chewing-gum, support masticatoire de ses ruminations intellectuelles. Elles aboutissent aux textes brefs et assez poétiques qu'il nous livre ici.

Il me semble pourtant qu'il s'agit là d'une démarche désespérée, un peu cannibale, pour s'approprier, consommer, l'essence de la foi. Les hommes ne voient certes dans la bible que ce qu'ils y mettent ; encore faut il qu'il ait choisi ce livre plutôt que les Essais de Montaigne ou autre chose.

Je me sens tout à fait étranger à cette démarche. Cet onirisme sur fond de bible ne me concerne pas. Je vois dans ce livre une variante d'autisme d'un de ces vieux enfants de 1968 qui, après avoir rêvé d'universalime révolutionnaire et de ses avatars modernes, écologiques, humanitaires et sécuritaires, engloutissent leur échec et leur solitude dans la contemplation de soi pour avoir été incapables d'agir sur le monde ou d'aimer les hommes. Ici la bible sert de support à leur logorrhée, ailleurs (Houellebecq, par exemple) ce sera le sexe, ou la posture philosophique chez d'autres.

Ce qui, d'ailleurs, conduit EDL (voir son dernier chapitre) à étaler sur le monde la sinistrose qu'il porte en lui. Si la beauté est dans le regard, EDL est aveugle et de plus injuste avec le monde qui le porte.

Un vagabondage dans le vide.
 
Editions Arcades Gallimard (2004) - 100 pages