marnat haydn

 

La façon dont la postérité traite Joseph Haydn (1732 - 1809) est un mystère que cette biographie remarquable aide à éclaircir. Sans doute sa vie dense, mais régulière n'a-t-elle pas le goût de l'aventure ou de la rébellion ? Son oeuvre, en particulier vocale, est incomplètement connue et ses quatuors ne reçoivent pas toujours l'attention qu'à mes yeux ils méritent.

Ce livre est non seulement une invitation à connaître et comprendre l'existence de ce musicien exceptionnel et fécond, mais aussi à mieux saisir les rouages de la société de la fin du 18e s. et particulièrement l'Autriche - Hongrie à l'époque de la Révolution française.

 

Haydn, issu d'une famille modeste, est doté d'une belle voix d'enfant et est doué pour l'étude musicale. Après avoir été admis dans le choeur de St Etienne de Vienne, il perd sa voix et se retrouve à la rue ! Huit ans d'errance et de rencontres vont néanmoins permettre à son génie de se former. Après une première position de "Kapellmeister" il entre en 1761 au service de la famille Esterhazy, où il restera jusqu'à sa mort, à l'exception de deux séjours à Londres (1791 - 95) où il rencontrera un succès immense.

Haydn s'est souvent plaint de son isolement à la cour des Esterhazy où il avait un travail de composition obligatoire considérable. Mais en échange, cette cour offrait, outre une vie matérielle opulente assurée, des moyens d'interprétation très importants (orchestres, choeurs, ensembles divers) et l'occasion de contacts avec de nombreux artistes, musiciens et autres. Une servitude douce qui ne l'a en rien empêché d'exprimer son génie que le succès de ses séjours à Londres lui a permis de savourer.

Le livre s'appuie sur des textes d'époque (lettres, articles, etc.) souvent passionnants. Il se lit comme un roman, avec une vitalité que l'on n'attendait pas pour le récit d'une existence assez peu mouvementée. A tort, car la richesse n'est pas synonyme de mouvement...

Fayard (1995) - 400 pages