pessl physique catastrophes

 

Titre excitant pour un ancien physicien. Ou bien "LE physique des catastrophes ? Allez savoir. De toute façon, la taille du livre vous laissera le temps d'y penser. Et puis, ça n'a aucune importance si vous entrez dans ce livre. Ce n'est d'ailleurs qu'au second essai que j'ai réussi. Pourtant, il en vaut la peine. La morale ? Méfiez-vous des intellectuels. On le savait.

 

Il s'agit d'un livre en deux parties. Un récit amusant, plein d'anecdotes en première partie, qui devient un suspense politique en seconde partie. Sans être devin, le suspense étant un peu mou, la solution est assez probable pour tout être humain éveillé qui ne plonge pas ses neurones dans la confiture.
Mais, ce qui fait la valeur du roman est d'une part le plaisir que l'on prend à le lire et d'autre part ce qu'il nous fait partager des connaissances et du ressenti de l'auteur.

Le plaisir de lecture est réel. Les personnages sont pleins de verve et leur comportement souvent jubilatoire... même si on n'y croit pas toujours.
Une jeune fille brillante, Bleue et son père de la même eau mènent une vie digne du théâtre de boulevard dans une petite ville universitaire américaine. Ils partagent (avec des hauts et des bas) un refus bien plombé des conventions et de la société américaine, crachant allègrement dans la soupe qui nourrit (assez bien) l'un et éduque l'autre. Mais c'est assez courant chez les "intellectuels", non ? C'est tellement drôle qu'on se laisse glisser. Leurs réparties sont construites comme un récital de citations littéraires ; on est sous le charme.
Un autre groupe d'étudiants, le "sang bleu" mérite aussi le détour. Une bande fascinante par son application à s'autodétruire, maladie assez contemporaine d'un monde où le suicide, violent ou à petit feu sont devenus des valeurs respectées.

C'est sa connaissance de ce monde universitaire et intellectuel américain que l'auteur nous propose de partager. Est-ce d'ailleurs si différent chez nous ? Nous avons bien eu Sartre... Passionnant en tout cas.

Ce n'est pas un livre qui mérite de sauter au plafond, mais qui par sa forme guillerette maintient l'intérêt au cours de sa longue lecture. Avec le chat sur les genoux, un petit calva et un feu de cheminée, on résiste.

Folio 4835 (2006) - 823 pages (sic)