bayard livres pas lus

 

Un titre provocateur, quelques bonnes remarques sur ce qu'est la littérature, voilà de quoi ne pas trop regretter le temps passé avec ce livre, abusivement paradoxal.

Tout repose sur une ambiguïté bien entretenue, qui est la confusion entre lecture, critique et culture littéraire. Oui, il est vrai que la culture littéraire ne passe pas par l'impossible lecture de tous les livres, mais de là à affirmer que "la critique atteint sa forme idéale quand elle n'a plus aucun rapport avec une oeuvre", c'est jouer avec les mots.

Répéter que la lecture d'un livre n'est pas nécessaire pour en parler (c'est le thème de cet essai) est prendre un concept pour un autre. Il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu (et d'ailleurs impossible) pour parler de littérature, soit. C'est d'ailleurs une évidence. En revanche, parler d'un livre spécifique sans l'avoir lu, c'est se placer délibérément en dehors de ce livre et de se contenter de le situer.

C'est d'ailleurs une maladie de notre époque que de parler de tout sans connaître l'objet de nos dires, comme on peut le constater par exemple à l'occasion de l'accident nucléaire du Japon, où l'ignorance du fait nucléaire conduit les commentateurs à tout confondre au profit du catastrophisme et du spectaculaire.

Ce livre, d'ailleurs facile à lire et bref, fait donc pour moi partie de cette culture de l'approximatif, alors qu'au fond il rappelle (mais ce n'est pas une découverte) qu'il ne faut pas que les arbres (les livres) cachent la forêt (la culture littéraire). Ce n'était pas la peine de faire de telles manières pour dire cela.

Les Editions de Minuit (2007) - 165 pages