bonnefoy octavio

 

 

Une aventure telle que celle-là ne se fabrique que dans les rêves, ou les romans. Epique, invraisemblable et pourtant sensible et proche, le destin d'Octavio va nous fasciner et nous conduire vers des mondes insoupçonnés où le fantastique rôde. L'auteur, Vénézuellien de langue française, apporte dans son texte cette écriture poétique, audacieuse, violente et factuelle déjà rencontrée chez d'autres écrivains d'Amérique du Sud. Un livre court, que l'on quitte avec regret.

 

Octavio ne sait ni lire ni écrire et en souffre. La dissimulation de son manque est touchante et seul l'amour (le désir ?) lui permettra de passer outre. Découverte aussi invraisemblable pour lui que pour sa compagne, Venezuela, déchiffrement à deux d'un vocabulaire inexploré. Il y apprendra le chemin de l'amour et l'écriture en partage, jusqu'à un faux pas provoqué par sa modeste fonction d'homme à tout faire d'une bande de brigands. Il sera mandaté pour dévaliser Venezuela. On comprend mal qu'il accepte, mais il le fera, soumis et honteux. Il lui restera la fuite.

Un voyage initiatique va alors se dérouler où il découvrira son pays et mettra ses talents et sa force au service de ceux qu'il rencontrera. Réalité et fantastique sont alors les trames de sa vie que la raison déserte. Torrent sans source, voyageurs sans origine, hôte inquiétant, transfiguration plutôt que mort...

Sa péregrination se poursuit dans le monde réel où Octavio trouve enfin sa place. Mais le projet fou d'un théatre dans sa ville natale va l'attirer comme la lumière. Il va s'y donner corps et âme et, on peut dire sans trahir le dénoueement, qu'il ira jusqu'à s'incarner dans la réalité qu'il aime. Y a-t-il plus belle fin?

Rivages (2015) - 124 pages