jeambar chirac
 
Le réquisitoire de DJ risque de ne pas beaucoup convaincre parce qu'il est enflammé et subjectif, mais surtout parce que les Français sont déjà convaincus, comme les sondages l'indiquent. Il n'en reste pas moins que ce livre doit être lu car il ne relève d'aucune idéologie classant le monde en bons et méchants. DJ explose devant ce qu'il voit comme mensonge, duplicité, trahison et occasions manquées.
Le portrait qu'il tire d'un vieux roi, avide de pouvoir, agité mais passif, ayant monopolisé les institutions pour régner sans gouverner n'est pas un rêve : notre situation sous bien des plans est mauvaise, voire inquiétante, quand on la compare à nos voisins, sans parler des pays émergents. Le clan Chirac broie tout pour durer et conserver à son chef le pouvoir, sans doute pour préserver aussi longtemps que possible une immunité indispensable.

Et pourtant, si jugement il y a, ce ne sera certainement pas sur les faits les plus graves, tels que DJ les décrit, qui sont des manques, des creux : un bilan fait de mots, de promesses type "fracture sociale", mais un vide quant aux réalisations, sauf une dépense démagogique et à visée électorale qui a abouti à une dette considérable. Les dossiers non traités (retraites, protection sociale, défense, éducation en particulier supérieure, recherche, déficit du commerce traduisant la baisse de compétitivité, santé en faillite, relations extérieures en miettes, Europe détruite, etc.) rappellent Louis 16. Mais on ne guillotine pas le vide.

Deux remarques cependant :
- Ce que DJ assène à Chirac aurait aussi du l'être à quelques détails près à Mitterrand dont le bilan a été désastreux de la même manière : le vide, la fuite devant les responsabilités face aux grands problèmes, la démagogie, la dépense pour acheter l'électorat et la montée de la dette.
- Le rôle du Parlement n'est jamais évoqué. Mais devant la déroute actuelle dont je suis persuadé que les députés sont conscients, qu'ont-ils fait ? Rien. Ou bien ils ont le pouvoir, mais ils sont lâches, ou bien ils n'ont pas le pouvoir et ce sont les institutions qui sont à revoir. La France reste dirigée par sa chambre ; on ne le dirait pas quand elle laisse s'installer un tel pouvoir personnel arbitraire. Cela peut faire peur.

Il n'est jamais agréable de patauger dans l'histoire d'un échec. La lecture de ce livre me parait quand même recommandable car elle fait prendre du recul.

Editions Points 1457 (2005) - 140 pages