schneider chute
 
PS est un romancier allemand né en 1940 qui, après une jeunesse contestataire dans la mode du temps, se prend d'intérêt réel pour son pays et en particulier pour Berlin, le lieu de toutes les fractures.
Il nous livre ici le roman d'un homme qui, par la magie des restitutions après la chute du mur, hérite d'un immeuble de location dans la partie est de la ville. Cadeau plein de fiel mais qui lui permettra de découvrir la dignité dans l'épreuve nazie d'un grand-père oublié.

Ce livre nous apporte une superbe promenade dans ce Berlin éprouvé, où la mémoire vit encore. Quelques immeubles épargnés, quelques tavernes. Mais surtout un peuple déboussolé qui avait cru aux lendemains sous la RDA et qui déchante. Mais qui n'accepte pas qu'au nom de cette erreur politique, certes chargée d'infâmie, on le colonise, ou pire qu'on nie son passé, son existence. C'est un très beau plaidoyer de PS pour ce peuple bafoué mais qui ne va pas jusqu'à donner une valeur aux errements passés. Et c'est en cela que l'on peut admirer la lucidité de sa compassion. Quelques personnages sont inoubliables, comme le poète Theo, dont la cérémonie d'enterrement est un chef d'oeuvre, ou l'avocat Klott. Et aussi quelques belles phrases, comme "Le premier apport de la nouveauté, c'est la terreur". OGM, par exemple ?

Se greffe sur cette ligne passionnante et fort bien écrite une histoire de rapports conjugaux inaboutis supposée être un contrepoint avec l'histoire de la ville. Que Madame ait du mal à trouver la sortie m'indiffère assez complètement et me parait bien artificiel dans cette affaire. D'autant que tout cela est traité avec une aimable naïveté plutôt ennuyeuse. Allez, on ne peut pas tout avoir.C'est quand même un excellent livre !
 
Editions Grasset (2000) 380 pages