aretin pippa
 
Ce livre date de 1584 et traite d'un sujet délicat, l'éducation d'une putain. Une vraie, qui bosse et ne se contente pas des 35 heures. Une qui veut honnêtement amasser un pactole suffisant pour couvrir ses vieux jours dans l'aisance, en espérant échapper au "mal français".

Pippa a pour cela une tradition familiale (bon sang ne saurait mentir) qui va bien l'aider. Sa mère, une pro à la retraite, va tout au long de ce livre, pas du tout scabreux, lui donner une ferme leçon de psychologie. Les hommes, lui apprend elle," veulent être trompé, ils préfèrent les feintes caresses aux vraies sans exagération" ou bien "l'art des putains est de savoir tirer des carottes à messires les nigauds". Le but, le seul, est de soutirer des ducats, le plus possible et sans perdre de temps. Un régal.

On a, en lisant ce livre, l'impression qu'en changeant quelques mots on dispose là d'un livre de management. Le but est le même : gagner des sous. Les moyens sont aussi les mêmes : un marketing agressif de ce que l'on vend. C'est même plutôt un livre de stratégie, vide d'éthique comme ils le sont à peu près systématiquement, où la ruse, la dissimulation et le mensonge sont les armes du combat. Je sais de quoi je parle, ayant fait ce métier dans l'industrie près de trente ans.

Même si parfois la naïveté de Pippa fatigue, ou si la (trop) subtile psychologie des caractères parait artificielle, ce livre qui a plus de 400 ans se lit avec plaisir et montre l'immuabilité des ressorts du monde.
 
 
Editions Allia - 180 pages