Ce Ruffin-ci, avec deux f, nous offre un bien agréable roman, construit sur une hypothèse plausible de cette énigme féconde. Mais c'est surtout, écrit avec un talent incontestable, une promenade légère et pleine d'humour dans ce 17e siècle de Louis XIV et son zoo aristocratique.
On va voir défiler les grands noms de l'époque, en tout cas ceux qui ont eu de près ou de loin affaire au Masque. Fouquet, le premier, qui fut emprisonné avec le Masque, mais aussi d'Artagnan et Saint-Mars, Colbert, Louvois, Monsieur le frère du Roi, entre autres, sans oublier les femmes comme Henriette-Anne, épouse de Monsieur, qui par ses liens avec la couronne d'Angleterre, va jouer un rôle essentiel.
Tout ce monde de cour, encagé dans l'absolutisme français, s'agite pour obtenir richesse, honneurs, plaisir, ce qui le plus souvent passe par l'attention du monarque. Et cette attention demande courbettes et soumission, au risque d'y laisser la liberté ou même la vie en cas d'erreur. Les portraits sont nombreux d'hommes tombés en disgrâce... quand ils ne sont pas devenus citoyens de l'Hadès.
Il est d'ailleurs amusant, comme le fait remarquer l'auteur, de noter qu'à la même époque une ébauche de démocratie (institutions + contre-pouvoirs) commence à poindre en Angleterre, ce qui irrite notre Roi, qui en ratera d'ailleurs ses cibles diplomatiques outre-Manche, sans doute pour avoir mal perçu l'importance de cette forme naissante de pouvoir partagé avec le peuple.
Le ton du roman est plein d'humour et de scènes drôles ou hautes en couleurs. Cela compense l'absence de suspense : il n'y a pas d'énigme puisque le roman se déroule sur l'hypothèse de l'auteur. Bien écrit, éveillant à chaque page l'envie de continuer la lecture, ce roman est une réussite.