ruffin mathilde

 

Après un premier envoi réussi (Béatrice l'insoumise), l'auteur livre ici un second roman historique de sa Normandie du XIe siècle, dont la qualité ne le cède en rien au premier tome. A lire d'urgence pour passer un bon moment

Ce qui avait été noté dans la fiche du premier tome tient aussi pour celui-ci : solidité du récit et de sa construction, maintien de la tension en dépit de la taille du livre, aspect didactique bien ajusté sur l'époque et la région, personnages vivants et crédibles, etc..

 

L'auteur renforce ici sa description sans indulgence pour une église vénale et paillarde. On oublie en effet un peu trop les détournements de richesse de cette institution, pour son pouvoir et son propre lucre. Il est bon que cela soit dit, comme ici, sur un ton plutôt enjoué... Et n'oublions pas non plus que les cathédrales et oeuvres d'art sacré sont d'abord l'oeuvre de cette richesse ostentatoire et n'ont pas besoin d'une foi-prétexte pour exister. Les artistes font ce que leur demandent ceux qui les paient. Notons au passage que cela n'a pas changé.

Quant à la cruauté de certaines situations, c'est une donnée incontestable de ce roman. Mais c'est une cruauté d'homme à homme, de violence rendue ou d'exercice d'ambition. J'oserais dire qu'elle est douce face à ce que le siècle passé à institué en matière de cruauté collective : Lenine créant ses camps de concentration, Hitler massacrant ses juifs, les Turcs et les Arméniens, les Tutsis et les Hutus, etc. Ce n'est plus un homme que l'on vise, mais une collectivité que l'on prétend incarner le mal. C'est pire.

En face de cela, une joyeuse liberté de moeurs qui s'exprime à travers un vocabulaire fleuri dont MR a le secret. C'est aussi l'occasion de rappeler le rôle des femmes dans la conduite des affaires de cette époque, rôle qu'elles perdront en partie par la suite avec la montée en puissance de l'Eglise catholique au 16 et 17e siècles.

Merci aussi à MR de rendre vie à ces mots et ces expressions de la Normandie. Il en saupoudre son texte sans excès, en prenant soin de nous livrer un petit glossaire, sans fatrouillage, en fin de roman.

N'hésitez pas à suivre Mathilde, la belle enfant au fort caractère, elle a mille choses à vous dire !

 

Alphée Roman (2010) - 570 pages