La thèse de PS est simple : les relations franco-allemandes n'existent pas. Cela assure un rapport enfin paisible entre ces deux peuples. On appelle cela l'amitié.
Pourquoi pas ? Cela semble assez bien vu : la fascination jalouse entre les deux peuples qui a dominé leur relation depuis Napoléon a généré beaucoup d'écrits et trois guerres. Mais, depuis 1945, l'intérêt réciproque de nos deux pays décroit, comme le montre la faiblissante référence des deux cultures l'une à l'autre, à commencer par la pratique de la langue.
PS attribue ce mode de relation, construit sur une ignorance réciproque, à une divergence profonde sur l'analyse des événements de la guerre et sur leurs conséquences.
L'Allemagne a perdu cette guerre et l'a reconnu, condamnant et réduisant à l'oubli la culture qui avait conduit à un tel désastre (sur ce sujet, j'ai aimé "Les racines intellectuelles du troisième Reich").
La France, qui a aussi perdu cette guerre, mais grâce à la pirouette gaullienne, à réussi a entrer par effraction dans le camp des vainqueurs à la dernière minute. Elle a au contraire parlé avec De Gaulle de sa "grandeur", premier mensonge, et sa gauche politique a fait croire qu'elle avait été la force vive de la "résistance" et qu'elle avait libéré la France, comme si les succès de l'Armée Rouge avaient été les siens ; seconde falsification. Les Français ont donc pu croire, chacun dans son cercle politique, qui d'ailleurs exclut l'autre, que son modèle était bon et digne de continuer. La France n'a donc pas fait le travail de nettoyage de son ancienne culture qui l'avait conduite à la débâcle. Elle y est encore.
PS ajoute que c'est la guerre et son "stress" qui révèlent de telles possibilités de changement inenvisageables en temps de paix. C'est ce qu'il appelle "théorie". Le terme me paraît excessif. J'attendrais d'une "théorie" une prévision spécifique qui puisse la mettre à l'épreuve. Sinon, il s'agit tout au plus d'une proposition d'explication qui mériterait d'ailleurs d'être tentée au Japon d'après-guerre.
Il n'en reste pas moins qu'il est sans doute vrai qu'une certaine indifférence réciproque permet un monde plus paisible que celui de l'amour-haine précédent. Bien des régions du monde mériteraient de méditer là-dessus.
J'ai cependant une réserve par rapport à cette brillante analyse. L'Allemagne a effectivement fait ce travail sur elle-même et je comprends son indifférence nouvelle vis-à-vis de la France comme un sous-produit. Mais, pourquoi la France qui ne l'a pas fait, a-t-elle, elle aussi, changé pour de l'indifférence ? Ou bien est-ce que je me trompe ?
Un regret : le style ampoulé, phraseur, en un mot, pour moi, exécrable de l'auteur. Cette brillante pensée mérite mieux.