murakami haruki 1Q84

 

HM m'avait enchanté avec Kafka sur le Rivage. D'autres lectures m'avaient amusé, sans plus. 1Q84 ne redressera hélas pas cette situation. Cette énorme saga (2 tomes parus) sent le procédé pour réussir : de la violence, de l'action, du Q (Orth. ?), au détriment du rêve qui vire souvent à la ratiocination vaine. Un talent qui semble se dissoudre dans la productivité littéraire et les grands tirages.

 

Ce roman tisse finement une intrigue onirique fondée sur deux mondes parallèles, mais superposés et des destins qui contribuent sinon à l'avènement, mais au moins à l'actualisation de ces mondes. C'est là que se trouve le grand talent de HM : nous prendre par exemple par la main à Tokyo, par une chaude soirée et découvrir que la lune promène un compagnon, sans que rien d'autre autour de nous paraisse étrange, ni même modifié. Rêve ? Réel ? Notre vie nouvelle est l'imbrication des deux. C'est une belle réussite d'écrivain fantastique.

Mais ces quelques moments remarquables sont à extraire d'un texte et d'une intrigue qui s'étire à se rompre, pleine d'incidentes, parfois répétées jusqu'à lasser le lecteur. HM nous rappelle inlassablement (pour lui) que la constitution d'une "Chrysalide de l'Air" consiste à tirer des fils de l'atmosphère et à les enlacer. Soit. C'est amusant une fois, moins 5 et lassant 10. Incontestablement le souci littéraire n'est plus là, il ne reste que celui de faire du volume.

Plus ou avance, plus on ressent que l'imagination de HM s'essouffle. Presque tous les éléments fantastiques qui, fragilement, devraient rompre le réel banal et faire la richesse inquiétante du roman, cessent pour la plupart d'être des surprises. Vous saviez bien que l'escalier de recours de l'autoroute aurait disparu ? Non ? Ce n'est qu'un exemple.

Alors, pour relever le plat HM nous sert de nombreuses séances de sexe, soigneusement insérées dans le déroulement de l'histoire. Il ne me semble pas que de grandes éjaculations n'aient jamais fait le printemps, mais après tout, il faut bien se reproduire et reproduire nos rêves...

Une trop longue saga qui finit par ennuyer en dépit du talent réel de HM.

P. S. La lecture du tome 3 confirme ce qui est dit plus haut. Intrigue sans rebondissement, fin prévisible. Une déception confirmée.

Belfond (2011) - 533 et 530 pages