shimazaki tsubame

 

Un lourd secret à porter : une origine coréenne au Japon en 1923 ! Un récit poignant et paisible à la fois d'un secret que, par raison, on garde au fond de soi.

Ce qui aujourd'hui encore se voit au Japon, cette "distance" vis-à-vis de la Corée, était en 1923 une haine raciale, pure et dure. Et reconnaître une origine coréenne, une promesse d'échec social. Mariko (née Yonhi) fait le choix de ne pas révéler à qui que ce soit, y inclut ses enfants, qu'elle vient de ce monde honni et que, par chance, au coeur d'un drame, elle est devenue japonaise.

Ce roman touche ici un sujet délicat, celui des zones d'ombres qu'il faut ou non garder dans nos vies privées. A notre époque, où à peu près plus rien n'est privé, la réponse est "on dit tout". Nos origines parentales, nos maladies, nos préférences sexuelles, etc. Est-ce sage ? Mariko dit "non". Bien sûr, se libérer d'un secret est plus léger à porter que l'enfouir et permet de donner lieu au spectacle hypocrite de la "vérité qui triomphe".

L'écriture de ce roman est un plaisir pour le lecteur. Pas d'effet, de main sur le coeur, d'invitation à la compassion, de gémissement. Il aurait pourtant pu y conduire. Tout ici est paisible et déterminé, bien en ligne avec l'image du pays du matin calme. Un régal.

Babel 848 (2001) - 120 pages