arasse peintures
 
Personne ne m'a, comme DA, donné l'impression de m'aider à porter sur la peinture un regard riche d'autant de compréhension. Illusion ? Il est vrai que, souvent, une fois le livre fermé, cette communion avec l'oeuvre perd un peu son intensité. Mais compréhension toujours, car DA parle à la tête plutôt qu'au coeur. Et si le coeur se met à l'unisson, tant mieux.

En effet, jamais DA ne cherche à suciter une émotion qui ne serait pas fondée sur une intelligence du tableau analysé. Tout pathos est ici hors de propos jusqu'à ce que l'intimité de l'examen attentif et bienveillant de l'oeuvre fasse, éventuellement, naître un sentiment, une émotion que l'on pourrait qualifier de 'construite'. Elitisme certes, mais récompense méritée d'un effort de lecture ouvert. Refus de l'instinct, de l'immédiat. Nietzsche n'aurait pas aimé ...

DA ne propose pas une méthode d'accès à l'oeuvre qu'il suffirait d'appliquer. Au contraire, c'est un plaidoyer, avec preuves à l'appui, des vertus de la curiosité, associée certes à la culture (savoir) mais aussi à une certaine forme d'innocence, ouverte à des approches non classiques des oeuvres. Trouver le sens de la perspective, par exemple, dans des 'Annonciations' est inattendu.

Il se livre aussi à des considérations pleines de pertinence sur l'oeuvre et son rapport à celui qui la regarde. L'articulation des temps, tels que DA la propose en parlant souvent d'un inévitable anachronisme souvent fécond, est en soi un véritable sujet de thèse !

Un livre pas toujours facile à lire, mais à relire, qui récompense ceux qui aiment une culture de l'intelligence.
Editions Folio essais 469 - 360 pages