ogawa jeune fille
 
Voici un recueil de nouvelles pleines d'imagination, d'étrangeté, de sensibilité. Une atmosphère d'irréel un peu mélancolique enveloppe ces textes caractérisés souvent par une fin imprécise qui laisse au lecteur le soin de les compléter à sa façon ou d'accepter ces aventures inabouties, à la fois réelles et rêvées. Un style coulant, sans obstacle de forme, contribue à la proximité que nous pouvons avoir avec ces brefs récits. Mais cette errance de la pensée n'est-elle pas souvent proche de notre propre vie intérieure ? Des pensées qui n'aboutissent pas, des rêves qui se croisent, des attentes qui se perdent dans les sables... Un livre plein de charme, parfait pour accompagner une soirée nuageuse ou une pensée qui n'a pas envie de se poser.
 
Bien entendu, nous sommes au Japon où l'irréel est plus proche des hommes que dans notre monde européen encore très influencé par Descartes. Imprécision de la langue, volonté de toujours rapporter chaque partie à un tout souvent inaccessible ou fantasmé, ces attributs ont façonné une grande partie de la littérature japonaise. On pense à Murakami ou, bien avant, Soseki ou Tanizaki. C'est sans doute un des éléments du charme de cette littérature où le réel et l'imaginaire se côtoient pour le meilleur, sans que l'on sache toujours où on se trouve. 
 
Les nouvelles proposées ici sont brèves, un peu cruelles parfois bien que douces, racontées à voix basse. Le style a cette même absence de rugosité et est certainement aidé par une belle traduction. Cela contribue à rendre plus étranges certains événements, qui se dressent ainsi comme des vagues absurdes sur une mer calme. Un très agréable recueil de nouvelles à déguster paisiblement.
 
Actes Sud (2016), 221 pages