ogawa tendres plaintes

 

Un récit simple et direct, plein de nostalgie et de sensualité blessée, voici ce qui vous attend dans ce livre au charme puissant.

La narratrice vient de constater l'échec irréversible de sa vie conjugale et espère retrouver dans la solitude d'un village, au milieu des bois, la paix du coeur. Elle fermera une blessure pour en ouvrir une autre. Elle a, heureusement, un talent de calligraphe qui l'aidera à rebondir.

En dépit de l'intérêt qu'on y porte, ce n'est pas l'intrigue qui rend le roman si original. C'est son atmosphère et son parti-pris de sensibilité réaliste, pratique, où l'on voit chaque geste, chaque image pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils signifient. Cette sensualité vivante est le fait de chaque personnage dont les talents sont d'ailleurs tous manuels.

Cette absence totale de prétention intellectuelle ou spirituelle est une bénédiction et donne à ce roman à la fois la légèreté des choses dont on sait l' impermanence et le poids ressenti de ce qui est réel et ne ment pas. Quand YO fait neiger, on a froid.

A cela s'ajoute, comme un fil conducteur à cette sonate, un fond musical qui nous accompagne à chaque tournant du livre. Le titre est d'ailleurs celui d'une pièce de clavecin de J P Rameau. Ce roman agit sur nous à la manière de la musique : rien à comprendre, mais tout à sentir, à ressentir et à faire résonner en nous pour nous toucher. C'est réussi.

 

Actes Sud (2010) - 240 pages