Encore un roman original (incongru ?) de l'auteur qui rapporte ici de sa plume rapide et belle quelques événements réels ou rêvés d'une vie difficile, la sienne. Les romans d'AN ne sont pas simples à raconter en quelques mots, tant ils foisonnent, s'envolent ici et là et peuvent aussi bien nous toucher pendant quelques pages qu'ils peuvent aussi nous sembler étrangers ailleurs. On admirera néanmoins la capacité de l'auteur à conserver sa distance et sa légèreté dans les instants les plus noirs de ses récits. Une originalité un peu folle qui nous émeut souvent.
 
AN a conduit sa première vie à sa manière légère et sensible dans l'environnement d'une famille aisée parcourant le monde en raison de la profession diplomatique du père. Situation un peu chaotique pour la jeune Amélie, souvent libre d'obligations scolaires classiques et bénéficiant d'une grande liberté. Son imagination particulière eu vite fait de remplir cet espace vide.
 
Ce sont l'oiseau et son vol qui vont ici emplir cette vacuité et fournir un support de méditation auquel AN va tendre à s'identifier. La dureté de l'existence de l'oisillon et l'épiphanie de la traversée des airs proposent mille correspondances que l'auteur découvre avec sa propre vie. Alors, rien ne devient plus juste que cette assertion : "Écrire, c'est voler", par exemple, lorsque le but littéraire de l'écrivain est atteint.
 
Voler, c'est aussi, à l'instar de la colombe de l'Esprit saint, accompagner avec respect et parfois avec amour l'ineffable, comme l'âme. C'est être à l'écoute de ce qui est diffus, non matériel, mais encore là, comme l'esprit d'un être aimé disparu. Si proche qu'alors une communication est possible et surtout belle et bonne. AN communique ainsi avec un père révéré qui l'a quittée.
 
Ce roman biographique est aussi l'occasion pour AN d'exorciser par des mots voilés et jamais pesants des drames de sa vie, comme ceux des mains de la mer et de son anorexie. Drames dont l'oisillon sortira pour nous donner l'écrivain que nous connaissons et qui nous emporte sur les ailes de son écriture aérienne.
 
Une confidence qu'il faut laisser agir pour en apprécier la saveur si originale qu'elle ne peut pas enchanter tous les palais !
 
Albin Michel 2023, 157 pages