sijie diUne pochade franco-chinoise. Rare, non ? DS est connu par son premier roman "Balzac et la Petite Tailleuse chinoise" dont le succès fut considérable. Il est lui même chinois, vivant en France et maîtrisant de façon remarquable notre langue. Lorsque vous aurez lu ce roman, vous comprendrez facilement qu'il aurait eu bien du mal à le publier actuellement en Chine. Allez, encore quelques années..

De quoi s'agit-il ? Pour faire court disons que ce livre peut être considéré comme un rapport sur la virginité des chinoises et son usage social. Car, pour Muo, intermédiaire intermittent en virginité négociable, se pose sans fin la question fondamentale suivante : consommer ou échanger ? Rude épreuve.

De plus notre héros souffre de deux handicaps à la prise de décision : il est féru de psychanalyse française et vierge lui même. A sa place qu'auriez-vous fait ? Bon, allez, ne répondez pas, vous n'en savez d'ailleurs rien et vous n'êtes pas à sa place. Il n'empêche que la petite embaumeuse... J'arrête.

Le vrai charme de tout cela vient plutôt de la plongée que DS nous fait faire dans la Chine actuelle, dans son quotidien terre à terre et souvent peu ragoûtant. Il montre, entre autre, de manière saisissante cette peur diffuse mais prégnante de "big brother" qui enveloppe tous les actes des chinois et les rend si subtils pour se ménager un échappatoire en toute circonstance. Et l'emballage de la prose de DS, souvent époustouflante et parfois même surréaliste, est un chef d'oeuvre. Essayez de ne pas vous y perdre..

Un regret quand même. Bien sûr, un roman est un roman. Mais son excès de cynisme ne favorise pas la sympathie pour l'auteur ; il sait aussi bien que vous ou moi que le monde a de multiples faces et devrait ici ou là laisser un peu d'air entrer.
 
 
Editions Gallimard (350 pages) - 2003