Pourquoi certaines sociétés disparaissent-elles (les Mayas, l'île de Pâques, par exemple) et d'autres, dans les mêmes conditions, résistent-elles ? Tenter de répondre à cela, sans préjugé ni passion, est le but de ce livre, qui pose aussi, dans la foulée, la question de l'avenir de notre propre société.
Mourir de faim
La démarche de JD, biologiste et physiologiste, professeur à UCLA (USA) est dictée par un premier constat : toutes ces sociétés sont mortes de faim. Elles ont peut-être perdu des guerres, des clients, des fournisseurs, honoré leurs dieux plus que de raison, le climat peut avoir changé (par leur faute ou non), mais l'incapacité de boire et de manger les a, un jour, anéanties. Que ferions-nous si les rayons de Carrefour étaient vides ? Impensable ?
Une combinaison de facteurs négatifs
Cette situation est toujours le fait, non d'un seul facteur, mais d'une combinaison toxique, couronnée par des choix, des décisions, qui aggravent le mal. Un chapitre à méditer à ce sujet est "Pourquoi certaines sociétés prennent-elles des décisions catastrophiques ?"
Parmi ces facteurs, on retrouve toujours, combinés, une déforestation excessive, une érosion grave des sols, une croissance de population forte à une période climatique faste ayant fait croire à la facilité et toujours des décisions ineptes face à un péril qui s'annonce.
Heureusement, le péril aura parfois été évité et certaines sociétés ont su, à temps, mettre un terme à l'enchaînement fatal : Japon des Tokugawa, Islande, certaines îles du Pacifique, etc.
La mondialisation fait du monde une île
Encore s'agit-il, dans le passé, de sociétés presque ou totalement isolées. Notre couplage économique, la dépendance réciproque où nous nous sommes mis, fait de la situation mondiale un tout d'une extrême complexité où aucune décision centrale n'est plus possible. Nous avons fait le choix dangereux du moindre coût apporté par la "mondialisation", plutôt que de l'autonomie, y compris pour des produits stratégiques. Est-ce sage ? Et peut-on espérer que des décisions locales iront dans le sens de l'intérêt général ? L'histoire est faite de décisions censées optimiser les intérêts locaux, plutôt que ceux de l'ensemble.
L'auteur, après avoir tenté de démonter des idées toutes faites couramment admises sur ces sujets, conserve un certain optimisme. Il le fonde surtout sur la prise de conscience de plus en plus partagée du risque que font courir nos modes de vie et nos décisions où le saccage des richesses naturelles n'entre pas dans nos calculs économiques. A-t-il raison ?
Un livre riche et passionnant, loin de l'écoidéologie à relent religieux à la mode.