Cette note possède un caractère un peu particulier Il s'agit de rendre compte d'un livre (d'ailleurs gratuit*) que je considère comme un signal positif dans le climat défaitiste que nous traversons en ce moment, non sans raison d'ailleurs. Le CEA, fondé par De Gaulle en 1945 pour que la France soit présente et active dans l'univers alors naissant et menaçant du nucléaire, est peu à peu devenu un pôle scientifique et technologique qui emploie aujourd'hui 20 000 personnes, après le succès de sa mission initiale. Physique, chimie, biologie, théoriques et appliquées, tout s'y trouve et de nombreux produits industrialisés y sont nés. C'est ce que veut nous faire partager ce livre anniversaire des 75 ans, d'accès facile, en nous faisant découvrir 75 avancées où le travail du CEA a été déterminant. Il est réconfortant de constater que l'idéologie de la régression, portée par l'écologisme fanatique, n'a pas gagné partout et qu'il reste encore une place dans notre pays pour l'intelligence et le travail fondés sur la raison et la méthode scientifique !
Bien entendu, l'absence de spectaculaire de ces activités entraîne qu'elles soient pratiquement ignorées par une presse qui se concentre sur l'instant et l'exceptionnel, sauf quelques revues spécialisées d'accès pas toujours facile. Ainsi le grand public ignore tout de ces enjeux. Et, l'absence de formation scientifique de nos dirigeants, au contraire de la Chine par exemple, les prive de la capacité à juger sainement cet univers et à y prendre les bonnes décisions. Le cafouillage Covid montre que les comités divers ne suffisent pas. Notre désindustrialisation et le déclin de notre enseignement le prouvent aussi. La France n'existe plus guère dans le monde scientifique qui pourtant conditionne notre avenir et notre rang. Or, c'est justement dans des instituts tels que le CEA que réside notre capacité à ne pas dépendre aveuglément des autres. La pandémie a révélé ce risque et a montré combien la France a perdu son savoir-faire. Nos vaccins seront importés, notre nucléaire patauge dans les mains d'EDF, notre industrie électronique a perdu la main, l'intelligence artificielle se développe ailleurs, etc. Et ne parlons pas de l'assourdissante absence de l'Europe, alors qu'il s'agit d'enjeux parfaitement adaptés à son niveau. C'est donc dans des instituts comme le CEA que nous continuons à entretenir la flamme d'une bougie un peu vacillante du savoir et du savoir-faire technologique et il me semblait judicieux d'y rendre hommage.
(*) Le livre peut être commandé sur le site du CEA. On peut également s'y inscrire à la revue également gratuite "Les défis du CEA" qui chaque mois fait le point sur des avancées en cours.