L'auteur a écrit là un roman factuel, précis, sur un fait historique où la raison vacille, face au respect rendu aux ordres donnés. Obéissance qui, dit-on, fait la force des armées, mais fera ici deux morts alors qu'un seul aurait suffi pour apaiser Thémis, et rendra un bourreau à demi fou. Un très bref récit qui laisse, pour le moins, pensif.
 
C'est la "servitude volontaire" qui est mise en scène ici. Cet échange de notre liberté pour une protection espérée est la base même de nos social-démocraties modernes dans sa forme douce et insidieuse, laissant peu à peu à l'homme, comme espace de liberté, son seul nombril. Ici, cette soumission découle d'un principe d'ordre dont nous sommes catéchisés depuis l'enfance, présenté comme un ciment nécessaire de nos sociétés et tout particulièrement dans l'univers militaire. 
 
Un petit groupe d'anciens blessés conduit en Belgique pour une exécution de jugement civil, la guillotine et le bourreau y afférent, en pleine guerre de 14, à travers la ligne de front et en territoire ennemi. Mitraille et bombardements ne les arrêteront pas. Ils ont des ordres !
 
Ce livre est particulièrement remarquable par le rapport sec des échanges circonstanciés entre les instances militaires, judiciaires, politiques ou autres qui entourent cette mission dont l'avenir du monde semble dépendre. Une avalanche de distinctions recouvrira les protagonistes, même si tout ne se passe pas comme prévu. Vanité, vanité !
 
C'est avec une certaine componction élégante et distante que l'auteur raconte l'exécution de cette mission hors-norme, dont le bien-fondé est peu abordé. Quant à ce qu'il pense de tout cela, le fait même d'y avoir consacré sa plume n'est-il pas un indice ?
 
Folio 4805 (2007), 148 pages