Ce livre est un tout petit caprice d'écrivain qui convient qu'il existe dans la forêt des Ardennes "un oiseau dans lequel s'est incarnée l'éternité". Fascination pour un lieu d'apaisement, d'humilité et de silence des hommes, une pause dans l'interaction parfois trépidante qu'exige la survie dans le monde. Ernst Jünger parlait en son temps d'un "retour à la forêt", là où, peut-être, on se retrouve un peu, loin du "vacarme des opinions".
 
Le livre évoque d'abord les souvenirs de l'auteur sur sa forêt des Ardennes. Forêt refuge, où passe l'histoire sans l'atteindre, dit-il. Forêt qui semble être l'antithèse du désert, car la vie s'y agite et parle par le craquement des branches, par les chants des oiseaux et parfois même par un brame qui appelle la rencontre, mais qui, comme lui, renvoie l'homme à ce qu'il est ou à ce qu'il peut être.
 
L'auteur nous raconte ensuite la rédemption de l'écrivain Blaise Cendrars qui passa un an dans cette forêt, mais accompagné d'une excellente compagne, Élisabeth Prévost. Blaise Cendrars avait alors perdu l'art d'écrire. Il va le retrouver en quelques mois, sous le charme des futaies, d'Élisabeth et du curé du coin. Ces brefs moments passés près de Blaise Cendrars sont un enchantement et une invitation à le relire.
 
Cette incursion au cœur de la forêt, contée par un écrivain dont la plume possède un charme certain, est à recommander sans réserve !
 
Gallimard (2022), 92 pages