Ce roman se lit d'abord comme un roman de formation qui voit une jeune fille, Paula, prendre sa vie en main et découvrir le poids des choses. Mais il est aussi l'occasion, pour moi en tout cas, d'une découverte enrichissante, celle du monde assez discret des peintres de trompe-l'œil. Un incroyable métier qui offre à notre imaginaire de belles pistes d'évasions, jusqu'à Lascaux !
Sauf à avoir approché cette profession rare, nul n'imagine le savoir et le métier qui sous-tendent l'exécution de peintures dont le but est de nous plonger dans un ailleurs crédible. Faux bois ou marbres, ciels de plafonds, décors de cinéma ou de théâtre, perspectives architecturales, voici quelques exemples de cet art que Paula va apprendre, non sans un effort important, puis pratiquer avec, semble-t-il, beaucoup de bonheur. Les outils et les munitions innombrables de ces peintres, alliés à leur travail plutôt dur et intense, leur permettent une expression sans limites de ce qui peut être donné à l'œil à voir. Merveilleuse découverte pour l'ignorant que j'étais.
À cela s'ajoute le récit d'une jeune vie qui va se former à ce métier dans des conditions assez éprouvantes et va en même temps apprendre l'usage de sa liberté après avoir quitté le cocon familial. Il lui faut, bien entendu, assurer ses fins de mois, mais faire en sorte que sa formation soit un succès. Elle doit aussi choisir ceux qu'elle pourra appeler ses amis pour avoir partagé avec eux ses découvertes, ses plaisirs et ses difficultés. Et puis elle est à l'âge où la pulsion de la reproduction se manifeste qui peut parfois devenir l'amour.
Le récit repose sur une écriture agréable, sans complication inutile, et associée à un vocabulaire très riche que l'auteur maîtrise à merveille. Sans parler du langage spécifique de la profession décrite ici, employé largement et qui témoigne du travail de documentation fait par l'auteur. Un très beau livre !
Folio (2018), 328 pages