Il est délicat de parler d'un livre à succès... Disons d'abord qu'on ne s'ennuie pas à sa lecture, portés par une intrigue à tiroirs, dont on peut penser parfois qu'on n'en verra jamais la fin. Mais si l'on est bon public, on se laisse porter dans ce labyrinthe aux multiples passages et autres chausse-trapes, ce qui constitue un jeu amusant. N'a-t-on pas besoin, parfois, de ce genre de passe-temps ?
Tout cela sent quand même la construction et finit par devenir artificiel et par paraître un peu laborieux. Jusqu'à la dernière page, des incidentes totalement improbables vont s'ajouter, rendant ainsi le fil imprévisible. C'est bien pour tenir le lecteur en haleine, mais ça respire un peu la cuisine, voire le plat préparé. Le lecteur ne participe pas, il subit, puisqu'il comprend très vite qu'on ne lui délivrera les clés que progressivement, au compte-gouttes et qu'il n'a aucun moyen de les anticiper. Si vous aimez les policiers qui sollicitent votre âme d'enquêteur, vous serez déçus ! Nous n'avons ni le loisir de deviner, ni de nous fourvoyer. Dommage, non ?
De plus, sauf exception, les personnages sont des marionnettes, sans profondeur humaine. Ils jouent leur partie sur l'échiquier, bien d'ailleurs, mais on n'a pas l'impression qu'ils peuvent faire autre chose. Cela nous prive de ces conflits psychologiques qui font souvent le sel des bons romans. L'esprit de géométrie l'emporte haut la main sur celui de finesse !
Cela dit et même si le livre est un peu long lorsqu'on arrive au premier tiers, je comprends qu'on puisse le trouver bon. Il ne demande pas d'effort de lecture, et si le nom d'un personnage nous est sorti de l'esprit (il y en a beaucoup), une liste à la fin du livre nous permet de nous remettre à flot. Convenons aussi que l'intrigue est ingénieuse, malgré ses circonvolutions surprenantes. Allez, il existe des moments où l'on n'a besoin de rien d'autre...
De Fallois (2018), 638 pages