Ce bref roman islandais est l'histoire du désir d'un homme pour une femme, désir d'une grande violence, mais que d'autres pulsions, encore plus fortes, dominent. Et c'est aussi le rappel que le désir n'est pas l'amour...
Un homme âgé écrit à une femme, maintenant décédée, une lettre fiévreuse et sincère, mettant au clair ce qu'ont été les grands moments et les grands choix qui ont été les siens, face à un désir hors normes en intensité et en durée. Et qui, pourtant, n'ont pas abouti à un rapprochement de ces deux êtres et encre moins à leur sérénité, ni d'ailleurs à une inconsolable blessure romantique. En effet, ce roman n'est pas romantique, même s'il parle de passion. Il ne cherche pas non plus à dire la "morale".
Ce vieil homme, autrefois marié, avait un sens de l'honneur et le respect d'une épouse stérile, donc imparfaite. Son désir pour une autre femme se heurta d'abord à cela et ensuite à l'existence d'un époux, bien que peu présent, chez la belle convoitée. Ce qui ne l'empêchera pas d'assouvir son appétit et de se convaincre que sa partenaire le partageait. La voie semble ouverte à leur union.
C'était sans compter avec un obstacle essentiel, le fait que cette union ne pouvait se faire pour des raisons sociales qu'à la ville. Et que notre homme savait qu'il y serait broyé. Sans diplôme, il y serait un esclave, alors que son expérience, son savoir-faire agricole faisaient de lui un homme debout, là où il était. Il décida de rester un homme.
Un tel choix fut difficile et lent, mais lui offrit aussi la prise de conscience que son désir, aussi violent a-t-il été, n'était peut-être pas de l'amour. Sous-entendait-il que l'amour ne se serait pas brisé sur sa volonté de rester un homme ? Inquiétant, n'est-ce pas ?
Un livre original, direct, facile à lire et qui pose, en fait, une question profonde sous l'habit d'un simple roman. Il offre aussi des descriptions sensibles et vivantes de la nature, des animaux et de la vie à leur contact, dans un cadre islandais qui y associe silence et solitude.