Vous êtes saturé de politique, de religion, de droit du travail, de déconnologie quotidienne en général ? Trouvez quelques heures, allongez-vous et lisez ce roman. Vous étiez inutile ? Les femmes vous lâchaient ? Vos idées n'intéressaient personne ? Vous comprendrez qu'il vous manquait un chien. Un dur, un têtu, qui va au bout de ses pulsions bien conditionnées. Essayez, vous verrez !
L'issue du roman se pressent dès les premières pages, mais, comme dit le sage, ce qui compte c'est le chemin, pas le but. Une rencontre avec une belle aux yeux dormants et son chien superpro, Jules, vont à la fois ébranler vos dernières certitudes (toutes fausses, il va de soi) et donner un sens à votre vie. Votre gourou ? Jules, celui qui sait ce qu'il veut et qui sait le transmettre. Un gourou, je vous dis.
L'histoire de ce chien est pour moi le point fort du livre. On y apprend mille choses sur la formation des chiens d'aveugles, qui sont beaucoup plus rares et chers qu'on le pense. On y découvre aussi qu'ils ont, à l'issue de leur formation, acquis un haut degré de responsabilité vis-à-vis de leur aveugle, responsabilité qui conditionne leur existence. Sans doute le roman tire-t-il l'idée au bout de ses conséquences, mais on sent qu'il se fonde sur une solide information de l'auteur. Qu'il prête ensuite à Jules des projets un peu trop humains n'enlève rien à ce qui précède. C'est un roman, pas un traité...
Alors tout s'enchaîne, rebondit, s'enfonce, rebondit encore pour notre grand plaisir, jusqu'à la parousie attendue. De plus, le petit voyeur qui est en nous est aimablement sollicité, ce qui doit, en principe, ajouter à ce roman une vertu de pénétrabilité dans les classes laborieuses. Enfile ton gland, c'est plus sein...
L'auteur a du talent, il sait tenir la promesse de la 4e de couverture : ce livre rend heureux. Belle performance, car cela est devenu rare face à la surenchère de déviations sales et souvent dérisoires qui polluent la production culturelle. On en sort rafraîchi. Pas mal, non ?