finkielkraut identite malheureuse

 

Un sujet brûlant traité superficiellement : la désagrégation voulue des valeurs qui constituaient notre identité nationale. De bonnes constatations, mais trop de mots et pas assez de poids aux affirmations qui les accompagnent. Une plume qui voudrait déplacer une montagne.

 

Pour commencer, je reprendrai ce que je ressentais déjà à la lecture de "Nous autres Modernes" en 2006 : "La difficulté de cette lecture tient certes au contenu qui demande de l'attention pour être saisi. Mais elle tient aussi au style de AF passant d'une idée à l'autre, amoureux de l'expression qui sonne bien même si elle n'est pas toujours indispensable, parfois discursif là où une pause, une synthèse seraient utiles". L'amour des mots et des phrases n'est pas la garantie d'une pensée claire, qui convainc.

L'idée est pourtant simple et difficile à contester : les valeurs qui constituaient le ciment des nations font aujourd'hui figure d'épouvantails, au nom des des drames des 19e et 20e siècles commis en leur nom. Le tableau est en effet assez sinistre ! Mais ce refoulement a des effets secondaires délétères : il y a des trous quand le ciment est enlevé et ce qui s'y substitue insidieusement est inquiétant.

Citons d'abord le communautarisme qui tente de donner un ordre aux groupes humains issus de l'immigration et à qui, délibérément, on ne veut pas faire partager ces valeurs dont on doute. Alors, un certain mépris s'installe chez eux vis-à-vis de nos civilisations riches, mais amorphes, sans âme et sans transcendance où pour définir ce qui est bien et mal, on procède à un vote !

Et cela va loin, profondément. On a pensé que les malheurs causés par nos valeurs provenaient des discriminations, en particulier racistes, auxquelles elles ont conduit et qui leur auraient été inhérentes. Alors, mort aux discriminations, quelles qu'elles soient et gloire à un égalitarisme sans frontières ! Supprimons les notes à l'école, nions les genres, apprécions les graffitis, aussi importants que Van Gogh ou de Vinci, en un mot "égalitarisons" tout, puisque tout se vaut ! Mais ce rejet des vieilles valeurs, effectivement discriminantes, façonnées par l'expérience et le temps, entraîne la mort de la culture et de l'histoire, en train d'ailleurs de passer l'une et l'autre aux oubliettes à l'école. On a jeté le bébé avec l'eau du bain.

Les conséquences de ces passions égalitaristes irrationnelles commencent à faire problème. Devant le vide créé par la déshérence des valeurs liées à l'identité restent la bête et ses pulsions ; les intérêts personnels passent avant les intérêts du groupe. De plus, cette acculturation a des effets néfastes sur toutes les autres disciplines. Plus touchée que d'autres par cette nouvelle passion où l'estime de soi devient une tare et où "Big Brother", expert en servitude volontaire, s'occupe de tout, la France recule dans tous les domaines où la comparaison est possible.

Le livre est intéressant lorsqu'il nous aide à percevoir ces faits. Il est en revanche très faible sur l'analyse et encore plus sur le remède, s'il en existe un que nous puissions déjà percevoir.

Stock (2013) - 231 pages