Ce court ensemble de deux textes prend la défense de la discipline historique, en face d'une histoire que certains veulent écrire par des lois, dans la meilleure tradition totalitaire et liberticide. Lois Gayssot, Taubira, Mekachera, etc. Et l'école publique a enfourché le dragon...
Les lois "de mémoire".
Ces lois "mémorielles" ont pour origine le tribunal de Nuremberg et le jugement des crimes nazis, où ont été jugés des hommes vivants, responsables de ces crimes, en conformité avec la Déclaration des droits de l'homme et les constitutions des pays concernés. Elles voulaient étendre le champ de la loi à d'autres actes coupables passés, voire en prévenir des nouveaux. Elles ont voulu définir par la loi ce qui était vrai officiellement et permettre à des juges de condamner par des amendes et de la prison la contestation de cette vérité ainsi affirmée.
Un danger avéré.
Le livre montre bien le danger, hélas déjà avéré, de ces lois "mémorielles". Si l'intention pouvait sembler bonne, pourquoi faut-il aujourd'hui les mettre en cause ? Pour plusieurs raisons :
- L'écriture de l'histoire "officielle" par des lois a toujours été le fait de régimes totalitaires. Sommes-nous heureux de nous engager dans cette voie ?
- Une loi n'étant pas un gadget, un historien ne peut plus travailler sur un sujet où la vérité relève de la loi sans risquer une condamnation. Qui peut accepter cet obscurantisme d'Etat ?
- Et, comme l'écrit PN, "une histoire entièrement réécrite et jugée du point de vue des victimes et des vaincus est une négation de l'histoire". Comme l'est l'histoire trop souvent écrite par les vainqueurs.
- Ces lois violent souvent le droit : les responsables sont morts et les coupables deviennent alors "les peuples". Dangereuse dérive vers des responsabilités collectives : Hitler et "les Juifs", par exemple. De plus, la Déclaration des Droits de l'Homme interdit les lois rétroactives. C'est pourtant ce que font ces lois. Sans oublier que notre Constitution n'autorise pas le Parlement à légiférer dans ce domaine. Il le fait pourtant, mal à l'aise, sachant qu'il n'existait pas de mécanisme de recours au Conseil Constitutionnel avant 2008.
- Souvent ces lois sont bâclées (voir ce qu'en dit FCh), laissant le juge à son interprétation, à l'arbitraire en somme.
- J'ajouterais, pour ma part, que je trouve d'une naïveté un peu ridicule de vouloir juger avec notre contexte humain et légal actuel, des faits anciens dont le contexte échappe en général totalement à leurs farouches contempteurs. C'est remplacer aussi l'imprescribilité qui cesse avec la vie du coupable en droit, par une affirmation religieuse du mal éternel. C'est précisément cela, nier l'histoire. C'est la remplacer par les tables de la loi.
Une dévalorisation des fondements de notre lien social ?
Sans doute, comme le disent les auteurs, faut-il chercher les racines de cette mauvaise conscience et de cette auto-flagellation dans l'effondrement de la Nation comme ciment social des groupes humains, effondrement induit par les guerres européennes et leurs crimes récents et accéléré par le concept d'Europe qui espérait s'y substituer.
Il fallait ce livre pour dénoncer ce mépris de la liberté.