Si vous voulez faire tomber votre reste d'optimisme, il y a mieux que notre gouvernement actuel : ce roman, noir, cruel, déséquilibré. Pourquoi tant d'amertume ?
Une femme américaine, Holly (quel nom !) mal dans sa peau, va, pendant une journée vivre dans l'oeil du cyclone qui finira par l'emporter. Son repas de Noël est un fiasco : rien n'est prêt, les invités se décommandent bloqués par la neige, sa fille si belle, douce et sage l'envoie balader à tout propos, sa belle-mère a un malaise cardiaque en chemin, son mari n'est pas là, etc.
Ca, c'est la façade. Un peu longuette et répétitive, d'ailleurs. L'ennui guette. Mais on nous fait deviner qu'au-delà de cette façade, le pire est en marche derrière les portes fermées et au bout des couloirs sombres de l'esprit. Et le pire est pire que pire, comme nous l'apprendrons à la fin.
Pourquoi tant d'horreur ? Si nous avions là un de ces romans fantastiques où tout est dans la nuance, l'atmosphère, le rêve, l'inquiétude mal cernée, je dirais "pourquoi pas ? ". Mais nous sommes dans le quotidien trivial où les carottes sont moisies, l'aspirateur n'est pas à côté de la table de ping-pong et autres révélations, dont je vous avoue qu'elles m'assomment.
Ah, je suis injuste : nous avons un grand portrait psychologique d'une démente que la vie écrase. Comment pourrait-on vivre en ignorant que le monde qui nous cerne est si fragile et effroyable ? En étant conscient que raconter de telles blessures n'est pas, pour moi, une recette de vie.
Et surtout en écoutant une sonate de J. S. Bach et en caressant son chat.