steinbeck pepin

Ce court roman de 1954, d'un humour irrésistible, imagine un avatar de notre regrettée 4e République : un roi, pour faire face à une crise, dont elle était coutumière. Son bref passage au pouvoir est un condensé des moeurs institutionnelles de ce régime des partis dont nous ne sommes pas tout à fait débarrassés, malgré De Gaulle.

Tout va s'y retrouver. Des discours idéologiques grandioses aux jeux politiques de couloir, des promesses mort-nées aux copinages inavouables, des luttes de pouvoir aux aimables retours d'ascenseur. Et surtout l'inconstance de la foule des citoyens : "des veaux" disait le grand Charles.

Bien entendu, rien n'est très crédible là-dedans, mais on s'amuse vraiment, d'un bout à l'autre. Notre pauvre roi, choisi bien malgré lui, va fort maladroitement jouer son rôle. Son tort aura été d'y avoir cru un instant... La faune politique aura vite sa peau.

A chaque page, on pourrait trouver un fait, un comportement qui pourraient se retrouver inchangés dans le monde politique professionnel d'aujourd'hui. Cela contribue à l'actualité de ce livre, juste et drôle. Une réussite que les éditeurs ont bien tort de bouder : on ne le trouve plus que d'occasion.

 

Lieu Commun (1954) - 161 pages