inoue reves russie

 

Dépaysement garanti ! Dans le temps et dans l'espace. La Russie du 18e s. accueille des pêcheurs japonais naufragés. Le formidable talent de conteur de YI en fait bien autre chose qu'un couteau trouvé par une poule !

 

L'histoire est vraie, à une époque où le Japon encore fermé, isolé et inaccessible est autant ignoré que craint, en particulier par son voisin, le Russe. Tout les sépare : moeurs, langue, traditions, dieux, économie, ambitions. Dans ce cadre, l'arrivée de quelques rescapés japonais sur les côtes froides et lointaines de l'Est de la Russie, va demander quelques années pour qu'une décision soit prise sur leur sort. Il y faudra l'intervention de l'Impératrice Catherine !

Entre temps, ces pauvres Japonais, démunis, vont mourir de froid et de faim les uns après les autres. Ils ne sont guère plus mal lotis que les autochtones, en quasi-situation de survie, presque oubliés de leur lointaine administration centrale. Ils seront peu à peu déplacés, rendront des services et certains des quelques survivants finiront même par s'intégrer à la population de leur pays d'accueil.

Appréciés par certains Russes puissants et après que Catherine ait vérifié que l'on ne pouvait plus obtenir d'eux plus d'information qu'ils en avaient donnée, l'ordre arrive de les reconduire dans leur pays, avec le secret espoir d'en faire des chevaux de Troie pour la Russie. Trop tôt.

Quant à eux, leur seconde vie japonaise sera une triste liberté surveillée, dans la crainte des liens qu'ils pourraient avoir conservés avec le menaçant voisin russe. Peut-être, en fait, avaient-ils découvert un autre monde, dur certes, mais en vie et plein d'espoir, ce qui n'était plus le cas du Japon.

Avec maestria, YI nous conte cette aventure extraordinaire, ce choc de cultures et, au-delà de tout ce qu'il nous fait découvrir de ces civilisations, trouve les mots pour rendre profondément humaine cette aventure. Balancés entre espoir, incertitude, désespoir et la mort qui rôde, ces hommes sont nos frères, grâce au talent de conteur de l'auteur. Un très beau roman.

Points P2864 (1968) - 372 pages