Ah ! Si l'histoire pouvait toujours nous être délivrée de cette manière, nous aimerions devenir savants. Car non seulement PhB apporte un soin évident à l'exactitude des faits rapportés, mais il le fait avec humour et élégance ; au point de se demander s'il n'a pas un peu vécu à cette époque !
L'histoire, d'abord. Nous vivons une journée "normale" du Roi-Soleil, du petit matin au coucher. Rien ne se passe qui ne soit l'objet d'un protocole issu d'une tradition liée à la fonction et à la représentation publique de cette fonction. Mais, phénomène en grande partie oublié, cette fonction s'inscrit au coeur d'une société elle aussi structurée à l'extrême dans un système de représentations des classes et des fonctions. Notons au passage que le Valet de chambre-tapissier, Monsieur Molière assiste de droit à des moments privilégiés de la vie du roi qu'il serait impensable de faire partager à d'autres fonctions, comme celles de ministre-secrétaire !
Il y a donc à cette époque en chaque personnage une double identité : celle qui lui est assignée par une position sociale, et celle d'individu particulier. Et, tout au contraire de nos choix modernes, c'est la première qui dirige les comportements, l'homme individuel étant subalterne. On retrouve là le contraste entre le public et le privé que décrit si bien Hannah Arendt ( Condition de l'homme moderne), et la fusion "moderne" des sphères propres à ces deux concepts. Avec, comme conséquence, la fin corrélative des valeurs les plus spécifiques de chacune. C'est aujourd'hui les valeurs privées, domestiques (économie, sécurité, droit des individus, etc.) qui ont envahi les choix publics laissant au portemanteau les valeurs publiques (honneur, rang, etc.), mais aussi ouvrant au public l'intimité privée.
PhB livre au fil des pages les réflexions que lui inspire le fonctionnement de ce monde passé en comparaison à celui du nôtre. Sur la santé, sur l'individualisme, sur le secret, sur la sensualité, sur l'éducation, sur la nécessaire théâtralité des actes de l'homme public, toujours avec pertinence et bon sens.
Et aussi, en spécialiste réputé, il nous fait partager l'amour de Louis XIV pour la musique et la danse, bien qu'assez brièvement, puisqu'abordé ailleurs dans ses autres recueils.
Ce livre est un régal d'intelligence "française", léger et profond à la fois qui enrichit et distrait en même temps.
L'histoire, d'abord. Nous vivons une journée "normale" du Roi-Soleil, du petit matin au coucher. Rien ne se passe qui ne soit l'objet d'un protocole issu d'une tradition liée à la fonction et à la représentation publique de cette fonction. Mais, phénomène en grande partie oublié, cette fonction s'inscrit au coeur d'une société elle aussi structurée à l'extrême dans un système de représentations des classes et des fonctions. Notons au passage que le Valet de chambre-tapissier, Monsieur Molière assiste de droit à des moments privilégiés de la vie du roi qu'il serait impensable de faire partager à d'autres fonctions, comme celles de ministre-secrétaire !
Il y a donc à cette époque en chaque personnage une double identité : celle qui lui est assignée par une position sociale, et celle d'individu particulier. Et, tout au contraire de nos choix modernes, c'est la première qui dirige les comportements, l'homme individuel étant subalterne. On retrouve là le contraste entre le public et le privé que décrit si bien Hannah Arendt ( Condition de l'homme moderne), et la fusion "moderne" des sphères propres à ces deux concepts. Avec, comme conséquence, la fin corrélative des valeurs les plus spécifiques de chacune. C'est aujourd'hui les valeurs privées, domestiques (économie, sécurité, droit des individus, etc.) qui ont envahi les choix publics laissant au portemanteau les valeurs publiques (honneur, rang, etc.), mais aussi ouvrant au public l'intimité privée.
PhB livre au fil des pages les réflexions que lui inspire le fonctionnement de ce monde passé en comparaison à celui du nôtre. Sur la santé, sur l'individualisme, sur le secret, sur la sensualité, sur l'éducation, sur la nécessaire théâtralité des actes de l'homme public, toujours avec pertinence et bon sens.
Et aussi, en spécialiste réputé, il nous fait partager l'amour de Louis XIV pour la musique et la danse, bien qu'assez brièvement, puisqu'abordé ailleurs dans ses autres recueils.
Ce livre est un régal d'intelligence "française", léger et profond à la fois qui enrichit et distrait en même temps.
Editions Folio 3635 (2000) - 270 pages