thompson age miracles

 

La terre se met à tourner moins vite et devient, à moyen terme, impropre à la vie. A contre-courant, une adolescente découvre qu'elle aurait pu aimer cette vie qui s'échappe. Une sorte de tragédie pessimiste contemporaine, froide et désespérée.

L'affaire est peu vraisemblable : pour que la terre ralentisse, il faudrait qu'ailleurs, quelque chose d'énorme lui prenne son moment angulaire, ou que sa taille ou sa structure change ! Ca se verrait. Mais une fois cet événement accepté (tout le monde n'a pas mon respect pour le moment angulaire), l'affaire est bien menée et, il me semble, assez vraisemblable quant aux conséquences de ce ralentissement qui, à terme, rend la vie impossible.

Une adolescente, auteur de ce journal, sage et solitaire, découvre la vie. Elle prend conscience de la beauté de ce monde, de son affection pour certains êtres et de son indifférence à d'autres, de l'instabilité des sentiments, de la fragilité des liens entre les hommes. Et, bien entendu, elle découvre l'amour, mais dans les conditions éprouvantes de ce monde en ruine. Une sorte de roman d'initiation au crépuscule...

Le tout est dit sans emphase, froidement, calmement, presque avec une recherche de banalité d'expression. Cela renforce la fatalité inexorable de l'intrigue de ce récit. Chaque mot apporte sa charge d'inquiétude, d'écrasement, jusqu'à la perspective, devenue évidente, qu'un miracle seul puisse dévier le destin. Mais nul ne croit plus aux miracles. Alors, on ravaude sa vie.

Ce roman est bien de son temps, en ce qu'il se démarque du fantastique "classique" par le fait qu'il n'est plus local. Il ne s'agit plus d'un esprit vengeur, d'un lac mystérieux, d'un miroir magique, mais d'un embrasement du monde entier, à l'image d'un cinéma américain populaire. Cela traduit sans doute une inquiétude relayée par les mythes millénaristes actuels. Soit...

Presses de la Cité (2012) - 332 pages