guede saint georges

 

L'homme, métis originaire de la Guadeloupe, est peu connu, mais mérite de l'être mieux, eu égard à ses talents intellectuels et physiques exceptionnels. Mais surtout cette biographie romancée rend vivante à nos yeux cette époque de la révolution française, mythifiée, mais guère mieux connue que notre chevalier.

Certains connaîtront peut-être le "Chevalier de St Georges" par la musique qu'il a laissée, dont une part modeste de sa production est disponible en enregistrement.  On lui attribue sept opéras, plus d'une centaine de concertos, trois symphonies, douze quatuors à cordes, et plusieurs sonates... Il eut aussi un rôle clé dans la vie musicale de cette fin du 18e siècle, commandant à Haydn ses symphonies "parisiennes", animant un des meilleurs orchestres du temps, etc. Et pourtant, l'oubli est presque total.

Sa vie, de sa naissance "illégitime" à la Guadeloupe à son engagement comme colonel dans l'armée républicaine où une dénonciation calomnieuse brisera sa vie, en passant par ses succès parisiens (à l'épée, dans les salons, auprès des nobles et du peuple, auprès des femmes, y compris Marie-Antoinette) et son engagement vis-à-vis de ses frères de couleur, fera de lui un être exceptionnel, une improbable comète. Ce livre nous fait remarquablement vivre et partager ce parcours haletant.

Mais il nous donne aussi l'occasion de nous plonger dans les années qui précèdent la Révolution, l'aveuglement des nobles français, la misère que ni le roi ni son entourage ne voulaient voir, l'oubli du réel dans de folles dépenses de divertissement. La sanction fut-elle juste ? Sans doute, même si ses excès, ses injustices, son fanatisme ne plaident pas en sa faveur. Tout cela décrit dans un style vivant, certes romancé, mais qui se lit d'un trait.

Un excellent livre d'histoire, vivant et d'accès agréable.

Actes Sud (1999) - 315 pages