fuentes oranger

 

Cinq nouvelles ciblées sur l'influence réciproque de civilisations en contact et sur ce qui peut en naître de fertile. Une sorte de "Bildungsroman" des civilisations ( le discours politiquement correct dit aujourd'hui "cultures") métissées qui cherche plus à convaincre par le coeur que par la raison.

Ces nouvelles ne sont pas indépendantes. C'est sans doute d'ailleurs, ce qui fait le charme de ce livre. Parallèles entre les Espagnols considérés par les Romains comme des sauvages et les Mexicains, à leur tour, sauvages des Espagnols, par exemple. Des doubles s'installent partout, souvent commentés au-delà de leur mort par les protagonistes eux-mêmes. Un chef-d'oeuvre de virtuosité littéraire.

Ce que CF manifeste ici de plus intéressant, à mon sens, est que ces dualités vont au-delà de la neutralité des jeux de miroirs. C'est un métissage, une sorte d'interférence, qui naît là et qui engendre une civilisation neuve, c'est-à-dire une manière nouvelle, partagée par un groupe humain, de vivre le monde, dont les clés ne sont pas données.

Rien ne parle ici, en revanche, à la raison. Un lyrisme souvent extrême, presque emphatique, parfois lasse. Le feu, le sang, la mort m'a toujours paru un truc littéraire, très espagnol, pour donner aux mots un poids que j'attends plutôt de la pensée bien conduite. Ce qui n'enlève rien au panache de ces cinq nouvelles...

Folio 2946 (1993) - 316 pages