bailly festin anemone

 

Cet excellent polard psy, d'une grande perversité, est en fait un traité de l'art de poser des tapettes à souris sans se faire pincer les doigts. Vous voyez ? Non ? Alors, lisez-le, vous comprendrez mieux.

 

bailly festin anemone2 Mais c'est aussi un peu plus que ça. D'abord, tout se passe au milieu de miroirs, inventés pour s'y perdre. Miroirs de mots, de lieux, de concepts, etc. Un jeu, certes, mais qu'on peut imaginer déroutant, affolant même. C'est d'ailleurs le but. Quand A se dit être B, mais n'est que l'image de C et signifie Z, sauf si c'est B qui est le vrai C et ressemble à Z, alors qu'hier il se prétendait être le vrai A, il y a de quoi se demander quel est le sens des choses offertes à nos sens. Et si c'est moi qui ne comprends plus, alors, où suis-je ? où donc tout cela a-t-il dérapé ? Et qui décide de quoi ? Il vaut mieux ne pas avoir le vertige.

L'art actuel et en particulier celui de "l'installation", genre DRAC, subventionné et politiquement correct en prend aussi pour son grade. Illusion d'art ou art, là aussi ? L'auteur note, avec perspicacité, qu'un peu de cul dans la chose aide à sa popularité. Bien visé.

Et le psychologue à succès, jouisseur, dépravé, inhumain, de qui est-il l'image ou le faux-semblant ? Certes, il a la peau douce et bien bronzée. On lui pardonne donc beaucoup. Mais, quel beau salaud quand même et ce n'est pas une image. Même remarque pour les belles femelles, égoïstes et perverses, qui ornent cette prose.

Les paysages, souvent beaux, sont bien décrits. Là, pas de tromperie. C'est le seul point fixe de cette histoire, avec les oiseaux que peint Martin. Le seul repère, le seul refuge.

L'intrigue, une machination infernale et où l'humain étale sa perversité native, se laisse suivre sans effort, ni ne bute sur trop d'invraisemblance. Un peu seulement. Le tout est écrit très agréablement, ce qui promet donc un bon moment de détente, entrecoupé de parties de jambes en l'air (parfois longuettes). Mais, bien sûr, ce ne sont que des illusions de tendresse, des ersatz d'amour... Et du moment que les jambes sont belles...

 

Le Comptoir (1996) - 264 pages