Un fameux roman policier, positif, nous attend dans ces 375 pages. Bien construit, il sait faire monter la tension jusqu'à la page finale. Un groupe de hackers vertueux s'attaque à un État tyrannique qui ressemble à s'y méprendre (sic) à la Biélorussie actuelle. L'organisation de ce hack d'envergure mondiale est le sujet du livre, riche de pistes hasardeuses, de rebondissements, de solidarité et de chaleur. On ne le lâche pas !
 
Autant les personnages sont crédibles, autant l'intrigue m'a semblé se construire ici et là sur des événements improbables. Une machine à laver le linge connectée, par exemple, qui fait apparaître son adresse internet quand elle est en surcharge me semble un "deus ex machina" qui tombe du ciel (p. 319). Les personnages, en revanche, sont bien campés, humains et ont une histoire qu'on a envie de mieux connaître. Ils sont, à mes yeux, la force du récit.
 
La lecture m'a cependant amené à me poser une question que je souhaiterais aborder rapidement ici. Est-il sage de laisser un groupe, aussi bien intentionné soit-il, faire ce que décrit le livre ? Qui les a choisis ? Qui les a élus ? Qui les contrôle ? Pourquoi ne deviendraient-ils pas, demain, esclaves d'une idéologie toxique, comme celles qui rampent sur les Facebook et autres ? Ils ont, comme le livre le montre parfaitement, la fragilité des êtres humains. Heureusement, mais hélas ! À quoi sert donc la démocratie ?
 
En supposant vraisemblable que le groupe "9" ait la capacité de nuisance décrite dans le roman, il doit exister quelque part un ou des groupes "-9" ayant une capacité au moins égale et des buts infâmes. Qui d'autre que le groupe "9" s'en occupe ? Comment l'intérêt général est-il défendu ? Une réponse à cette question m'aurait fort intéressé. Je ne suis pas un zélateur de Batman et, à dire vrai, ce que décrit ce livre m'inquiète, si l'aventure rapportée ici dépasse la fiction, comme le laisse entendre l'auteur.
 
Il n'en reste pas moins que ce livre est un excellent roman policier, peut-être aussi par les questions qu'il pose !
 
Robert Laffont (2022), 375 pages