chevalier soufisme

 

Le Soufisme est, dans l'Islam, la tentative d'union intime avec un Dieu transcendant, hors du monde, hors du temps, au moyen de pratiques conduisant à l'extase mystique. Ce livre, peu critique, est un panorama historique et analytique de cette branche de l'Islam.

Mon esprit mécréant ne m'aurait pas conduit naturellement à cette lecture, si je n'avais eu le coup de foudre, il y a bien longtemps, pour la musique soufie du Pakistan et en particulier pour Nusrat Fateh Ali Khan. J'en tirerai une première conclusion : il y a un monde entre les oeuvres des hommes, ancrées dans le réel et leurs rêves mystiques. On peut aimer les premières et prendre conscience de la vacuité des seconds. Ce n'est pas contradictoire.

 

L'Islam n'est pas seul à avoir eu ses mystiques professionnels. Toutes les religions y ont eu droit et ont bien souvent eu des rapports difficiles avec ces solitaires indépendants, dont la vérité personnelle passe avant celles des dogmes et des rites. Ca fait désordre !

Notons au passage la logique presque comique, des mysticismes monothéistes : on s'invente un Dieu, un idéal platonique de perfection et, par des pratiques solitaires, on prétend fusionner avec cet idéal parfait. Cela ressemble fort à l'art de se mordre la queue ! Quant au résultat, l'histoire et ce livre montrent que ces grands mystiques ne sont pas à l'abri des faiblesses humaines.

Notons aussi cette volonté de ne plus participer à la vie du monde, comme le recommande par exemple Ghazali (p.122) et qui recommande de larguer femmes, enfants, etc. pour se vouer à la contemplation d'un soi idéalisé. Qui va faire la vaisselle, ou éplucher les pommes de terre ? Les autres, bien entendu. Egoïsme d'assisté, très tendance.

Et si ça ne marche pas assez vite, la consommation d'alcool, de drogue et d'autres excitants ne manquera pas d'aider le processus. Le livre donne mille exemples.

Il y a sur terre place pour tous, y compris ceux-là, s'ils trouvent assez de babas pour les prendre au sérieux et les nourrir. Qu'on ne me demande pas, pour autant, de respecter leurs illusions égoïstes.

En revanche. si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à découvrir la musique de Nusrat Fateh Ali Khan. C'était un grand musicien.

CELT (1974) - 255 pages