L'image de La Fayette, en France, est voilée et confuse. Cette biographie nous montre qu'elle mérite mieux que cela et que cet aristocrate atypique, homme de médias avant la lettre, était prêt à sacrifier sa vie et ses biens à son idéal de liberté.
Il est d'abord un aristocrate fortuné, libre très jeune de ses mouvements, bien introduit à la cour. Ni cela, ni son mariage à 17 ans avec un beau parti, ne lui montent à la et tête. Et la confiance qu'il a en lui lui donne confiance dans tous les hommes, dans leur capacité à assumer et maîtriser leur destin.
Il devient un défenseur zélé de la liberté, de toutes les libertés : les émigrés d'Amérique face à l'Angleterre, certes, mais aussi les Noirs, les Polonais, les Italiens, etc. Et pour que cette liberté ait un contenant, c'est la forme de la nation indépendante qu'il choisit et défend, au mépris de ses intérêts personnels.
Il connait aussi, avant l'heure, le rôle des médias, des gestes qui convainquent. Il sauvera Marie-Antoinette en lui faisant un baise-main public, par exemple. Il aimera tant cette approbation des foules pour son intransigeance, qu'il ne voudra jamais saisir les offres qu'on lui fait pour prendre le pouvoir, qui est plus un terrain d'efficacité que de pureté.
C'est en Amérique que, de son vivant et encore aujourd'hui, cette image est la plus belle et la plus intense. Si cette biographie est juste, ce que je crois, La Fayette a joué un rôle essentiel dans l'indépendance américaine. Cette image, largement reconnue aux USA, n'est pas usurpée. L'affaire est beaucoup plus nuancée en Europe, où ce passeur des Lumières, zélateur intransigeant de la liberté, s'est fait, sous une révolution, un empire et demi et deux rois, plus d'ennemis, parfois mortels, qu'il n'est courant.
Il saura garder son honneur dans ces combats impitoyables, souvent sauvé par cette image populaire qu'il avait et que les hommes de pouvoir avaient besoin d'attirer en leur faveur.
Un livre utile, dont le style agréable en fait un bon moment de lecture.