serres temps crises

 

Nous ne traversons pas une simple crise financière, nous dit MS, nous sommes au temps des crises et notre rapport dual au monde (sujet-objet) est devenu une impasse. Le monde doit devenir un acteur, avec ses représentants, ses règles, ses codes et son pouvoir.

MS part de deux constats. Débord il identifie six changements majeurs des 100 dernières années, tous dus à notre savoir scientifique. Mais il en identifie un autre, note de boucle infernale : l'homme sujet, fidèle à Descartes, a tellement agi sur le monde objet que celui-ci se rebelle aujourd'hui. Et d'un objet (d'étude, de richesse, et.), le monde et en particulier la terre, devient un sujet qui rappelle ses droits et ses désirs et commence à manifester son impatience.(pollution intolérable, disparition d'espèces, manque d'eau, catastrophes, etc.)

 

Alors, nous dit MS, faisons entrer le monde dans le processus de nos décisions, un monde indépendant du pouvoir politique d'une manière qui ressemble (c'est moi qui le dis) à l'indépendance de la justice par rapport à l'exécutif dans une démocratie. Un monde sujet dont la meilleure compréhension que l'on puisse avoir est celle qu'auront des savants indépendants et objectifs, sortes de grands-prêtres de l'ordre du monde. Notons au passage que si le GIEC (on y pense forcément) s'est déconsidéré, c'est parce qu'il est justement une émanation du politique, avide non de comprendre, mais d'agir. MS propose que l'initiation de ces grands représentants du monde passe par un serment que l'on découvrira.

Si l'analyse et la mise en évidence d'une situation radicalement neuve à l'échelle de l'histoire sont très convaincantes, je reste perplexe sur la suite. Le monde va-t-il si mal ? La situation des hommes, en 100 ans, s'est considérablement améliorée sur de nombreux plans, ce que traduit la croissance considérable de l'espérance de vie. Et bien des problèmes, comme la pollution de l'air, par exemple, peuvent trouver des solutions quand l'homme le veut. Le catastrophisme est souvent une posture qui séduit. Cela ne signifie pas qu'elle soit fondée.

Par ailleurs, je suis toujours gêné quand quelqu'un parle de "vérité". La langue de bois n'est pas loin. C'est ce que fait ici MS en parlant de la science. Non, la science n'est pas une recherche de la vérité. Elle est, à travers l'expérimentation, la recherche d'un langage pour représenter le monde chez l'homme et pour agir sur lui. La mécanique de Newton n'est pas plus vraie que celle d'Einstein ou que la mécanique quantique ; ni l'inverse. Chacune a son domaine d'efficacité, ni plus, ni moins.

Alors, donner comme le propose MS un pouvoir presque transcendant à ces scientifiques, fourbisseurs de langages de plus en plus difficiles à communiquer, est-ce bien raisonnable ?

Enfin, le style peu coulant de MS n'aide pas son lecteur, même de bonne volonté et dresse un voile difficile à percer entre le lecteur et une pensée intéressante.

A lire, cependant, pour l'analyse que fait MS de notre temps des crises. A quand les cerises ?

Manifestes ! Le Pommier ! (2009) - 80 pages