Implacable, la souffrance lancinante suspend le temps, insensibilise, isole. C'est ce que ces nouvelles nous disent et nous font sentir.
Qu'elle soit violente (Gyrophare), ou sourde (Dix-huit, peut-être dix-neuf décembre), cette souffrance occupe tout l'espace, absorbe tout l'air disponible. Plus rien ne bouge, plus rien n'a de sens, plus rien n'importe. L'ère glaciaire s'installe...
Le monde n'est plus que le décor de la mise en scène d'une déchirure irréversible de destins brisés.
Ces nouvelles mettent remarquablement en musique cette désespérance souvent silencieuse. Le ton est factuel, les petits événements s'accumulent sans jamais constituer un récit, mais le simple contexte où se joue l'éternité d'une souffrance qui y est désespérément inscrite.
Malgré le pessimisme qui en émane, ce livre a la beauté du diable. Il est profondément original, même si, parfois, il semble un peu inabouti.