Voici un des romans les plus originaux que j'ai lu depuis longtemps. Deux chroniques s'y croisent avec simplicité et un parfum de vérité surprenant. L'une est celle de la vie d'une famille parisienne à l'époque de la guerre d'Algérie et l'autre, celle de la vie d'émigrés des Pays de l'Est à l'époque du communisme et de leur difficulté à se retrouver dans ce qu'ils sont devenus.
Ces deux chroniques, bien entendu, se croisent sans cesse autour de lieux parisiens qui, pour ceux qui en ont encore le souvenir, sont magnifiquement évoqués. Un Paris qui savait, sans savoir, ce que se passait en Algérie. Un Paris fasciné par un tiers-mondisme béat et culpabilisant, mais qui ne percevait que fort mal le basculement des valeurs historiques de la nation.
Et, de l'autre côté, ces émigrés du pays des rouges, de cette dictature révolutionnaire elle aussi fascinante. Certains la haïssaient parce qu'ils voyaient l'abîme de destruction que cette folie entrainait et d'autres, qui l'avaient trop aimé, s'en mordaient les doigts.
Tout cela est dit simplement, au quotidien, autour d'un bistrot. d'une table d'échec ou de baby-foot et nous touche par ses mille détails justes. Partager ainsi la vie de ces émigrés de l'Est est un superbe cadeau que nous fait JMG.
Nulle thèse, nulle idéologie, mais des faits, des situations bien racontés qui donnent à voir et à penser. Un vrai roman classique de très grande qualité qui se lit sans ennui, en dépit de sa taille considérable !