fontanet mette
 
Cet essai est construit sur une constatation : la fonction publique, si elle n'est pas aussi efficace que celle de nos concurrents, effectue un prélèvement par l'impôt supérieur au leur sur la richesse produite par le pays et donc sur les entreprises. Cela augmente leurs coûts de production et les rend moins compétitives et, à terme, les élimine du marché. C'est le cas de la France qui voit sa désindustrialisation galoper, son chômage élevé se maintenir. Le prélèvement de notre État obèse y est de 57% contre 45% en Allemagne. Comment en est-on arrivés là ?
 
La France "d'en haut" ne connaît pas les règles de l'économie.
 
L'école est muette et porte une lourde responsabilité dans cette ignorance. Elle parle parfois de social, de droit. Pas d'économie. Les hommes politiques, presque tous professionnels, n'ont jamais côtoyé l'entreprise et en ont une idée fantasmée. De plus, l'idéologie dominante en France est l'égalitarisme, qui confond égalité de fait et égalité de droits, dans un relent de socialisme moralisateur, ou, comme le disait Emmanuel Todd, de christianisme zombie. Cette ignorance a une conséquence, car en général, on n'aime pas ce qu'on ne comprend pas. Ce qui n'empêche pas d'attendre beaucoup de la boîte noire... Quand un Président déboussolé affirmait avoir tout fait contre le chômage, il révélait ainsi qu'il ignorait que ce sont les entreprises si mal-aimées qui seules créent des emplois. Même constat avec le Président "normal", impuissant devant le chômage.
 
Quelles sont ces règles ?
 
En voici quelques-unes traitées dans le livre.
- L'ensemble du corps économique est animé d'un mouvement d'évolution que rien n'arrête et qui se transmet par la concurrence et les choix des consommateurs. Les entreprises doivent naître, vivre et mourir. Encore faut-il qu'elles le fassent dans un environnement qui leur donne leurs chances, ce qui n'est plus le cas de la France. Fluidité des entreprises signifie aussi des hommes. Cela s'organise, pas seulement en payant les chômeurs à ne rien faire.
- Tout investissement (et donc la dette qui va avec) doit avoir un retour économique pour que la dette soit remboursée. Or l'investissement est le pari sur l'avenir que fait l'entreprise. Un jour, l'échéance arrive et c'est le résultat des entreprises (surtout matures, plus profitables) qui permet d'y faire face. Il est absurde de faire de la morale là-dessus, ce qui est le cas des arguments avancés par les prédateurs au pouvoir.
- L’État dépense (très peu d'investissements en fait) et cette dépense, comme la dépense sociale, est un prélèvement qui pèse sur les coûts de production. Il en faut, bien sûr, mais tout ce qui est excessif par rapport à nos concurrents est une faute économique. Nous le payons lourdement.
- L'entreprise a besoin d'un environnement stable. Elle ne vit pas au jour le jour  et doit prévoir. La valse des lois et des règles est un handicap. Leur poids (code du travail par exemple) en est un autre.
- Le rôle de l’État est d'être le terreau qui fera pousser les start-ups et autres PME. Ce terreau est mauvais en France et nos start-ups ne s'y développent pas. La fuite hors de France a pris des proportions considérables. Et c'est une fuite, non un désir d'ouverture !
 
Pour conclure
 
Ce livre, totalement concentré sur le rôle des entreprises (puissance économique et donc politique, emploi, stratégie nationale, etc.) est une bouffée d'oxygène dans un pays que la culture égalitariste et distributive sans contrepartie est en train d'étouffer. Culture plus de gauche que de droite, mais aussi de droite. Culture inculte en matière d'économie, culture dévorée par les préjugés souvent moraux, qui croient être un substitut à l'ignorance.
Un regret, la forme que l'auteur a donnée à cet essai, lourde de répétitions qui lassent un peu le lecteur. 
Un excellent coup de pied dans la fourmilière des préjugés idéologiques de notre temps sur les entreprises et leur rôle.
 
Odile Jacob 2016 - 187 pages