ofaolain best love rosieCe livre, sensible et délicat, nous parle de l'âge qui vient et du retentissement de ce fait inéluctable. Il nous dit surtout qu'un nouvel équilibre est possible, mais que chacun va devoir trouver le sien.

Autour de cette voie prépondérante, de nombreux sentiers sont ouverts, que l'on prend plaisir et intérêt à suivre avec l'auteur : l'amour, bien sûr, ou au moins son attente, la solitude, aussi grosse de félicités que d'angoisses, mais aussi la paix de l'esprit que peut conférer l'accord avec la nature (avec ici les paysages irlandais en toile de fond).

On se laissera également conduire sur le chemin d'une étrange relation d'amour, quasi maternel, non déclaré explicitement, entre Rosie et Min, sa tante un peu excessive. Relation toute en subtilité balançant sans cesse entre la compassion et l'exaspération et qui unit au plus profond d'elles-mêmes ces deux femmes, que tout ou presque sépare.

Ce qui, enfin, me parait remarquable ici est le style de NOF qui contribue à la facilité avec laquelle nous entrons dans ce roman. Un style du quotidien, pourrait-on dire, qui s'articule sur des mots simples, de tous les jours, des phrases courtes, une expression qui reste en toutes circonstances concrète, presque terre-à-terre, mais sans aucune vulgarité. Cela n'exclut pas une certaine complexité de l'architecture du roman dont les scènes en réseau demandent de l'attention.

Il faut aussi rendre hommage au talent dont NOF fait preuve dans la description des paysages de cette Irlande qu'elle aime. Ici, rien de romantique ni de grandiose. C'est plutôt l'esprit du haïkaï qui domine. La mer lèche les pierres, les feuilles mouillées brillent, la vue de la rivière est douce et nacrée, par exemple.

C'est donc à une avalanche d'instants mélancoliques et doux, inquiets ou heureux, pleins d'attente ou comblés que nous convie ce très beau roman.

Un roman d 'automne.


Sabine Wespieser (2008) - 530 pages